Editeur : Electronic Arts
Développeur : Visceral Games
Genre : Beat'em all / Plates-formes
Difficulté : Moyenne
Durée de vie : 15h environ
Joueur(s) : 1
Langage : Français (textes et voix)
Date de sortie : 4 Février 2010
Terminé par le testeur : Oui
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Quand le studio à l'origine de Dead Space se met en tête de concurrencer God of War, cela donne Dante's Inferno !
Divine réplique
Dante Alighieri, poète, homme politique et
écrivain italien célèbre pour son livre "Divine comédie", considéré comme
le premier grand texte de la langue italienne et comme l'un
des plus grands chef-d'oeuvre de la littérature. Dans la "Divine comédie"
(simplement appelée "Comédie" au départ), l'auteur raconte à la
première personne la traversée des enfers d'un homme cherchant la
rédemption. On y découvre un découpage des enfers (les fameux 9 cercles)
connu depuis comme l'enfer de Dante. C'est en s'inspirant de celui-ci que les petits génies de Visceral
Games nous ont pondu ce sérieux concurrent de God of War. Ils y ont toutefois pris quelques libertés.
Ce
Dante là n'a donc rien d'un poète, mais est un guerrier qui revient de
la sanglante troisième croisade (laquelle avait fortement marqué
l'auteur sans qu'il y participe) avec tout un tas de pêchés sur le dos.
De retour au bercail, il découvre les corps inanimés de ses proches, dont
celui de sa bien-aimée Béatrice (compagne de l'auteur dans la vraie vie
et présente dans la "Divine comédie"). Là, il se retrouve face à la mort
dont il refuse le châtiment avant de se mettre en tête de ramener celle
qui a perdu la vie par sa faute (vous jouerez pour comprendre).
Guidé
par Virgile (un poète ami de l'auteur, aussi présent dans l'oeuvre
initiale), Dante part dans sa quête irrationnelle, prêt à traverser
le fleuve d'Achéron, les neuf cercles marqués des pêchés capitaux, le
Styx et tout un tas d'autres lieux aux références bibliques et
historiques. Chaque chapitre s'efforce de coller au thème. Dans le
cercle de la luxure, les succubes à la poitrine dévêtue roulent des
fesses devant nous et laissent échapper des gémissements érotiques à
chaque coup porté. Dans le même genre, la gourmandise nous met aux
prises avec d'imposants ennemis grassouillets qui vomissent leur trop plein
d'acide. Toujours dans un soucis d'authenticité et de proximité avec l'oeuvre italienne, le jeu
renferme des personnalités égarés se lamentant et implorant le pardon (dans son livre Dante croise bon nombre de personnages historiques et mythiques).
Dans le cercle de la violence, on croisera ainsi Attila (Roi des Huns),
ou encore le comte Ugolin dans celui de la trahison (il avait mangé
ses propres enfants). Face à eux, le joueur a deux possibilités : les
punir ou les absoudre. Un choix que l'on retrouve aussi au moment
d'achever certains ennemis par un QTE.
Si cette décision n'influe pas sur le scénario, elle a pour conséquence
de modifier l'évolution de nos compétences avec un système qui rappelle celui de Dead Space. Visceral propose en effet
deux arbres de compétences pour permettre à notre personnage d'évoluer.
Le rouge se nourrie d'âmes Impies, qu'on obtient en punissant nos
ennemis ou les âmes damnées dont on vient de parler. Le blanc (ou bleu
très clair) se nourrie d'âmes Sacrées, récoltées lors des absolutions.
D'un côté, on développera des capacités et sorts magiques liés à la force
et l'attaque, de l'autre, on augmentera la puissance de notre
croix (provoquant des vagues d'énergie sacrée pour frapper à distance) et on boostera nos sorts de récupération de santé.
Une
santé qui comme le veut la coutume est représentée par une jauge verte.
Dans des coffres et à la disparition des ennemis, c'est donc des âmes de
cette couleur qu'il faudra récolter pour ne pas succomber à nos
blessures. Les autres sont violettes (pouvoir magiques) et blanches (pour la capacité temporaire d'invincibilité). Un classique qui rapproche encore un peu plus le jeu de
Visceral Games de celui de Sony.
Outre une inspiration différente, mais très semblable dans
son traitement, et un système d'évolution et de collecte d'âmes très ressemblant, Dante's Inferno offre un gameplay identique à celui de God
of War. Remplacez les Lames du Chaos de Kratos par une faux et vous
obtenez les sensations ressenties avec Dante. Combos terrestres et
aériens, magies, état de grâce temporaire et QTE en pagaille composent
les combats. Certains passages à dos de colosses apportent
heureusement un petit plus mais il suffit d'étendre son regard pour
constater que les analogies sont partout. Les phases de plates-formes
ont ainsi, elles aussi, de nombreux points communs avec celles connues
dans la mythologie grecque selon Sony Santa-Monica. Utilisation d'un
grappin, escalade de parois vertigineuses, passages en suspension sur
de longues cordes, et murs invisibles empêchant le joueur de chuter dans
le décor sont de la partie. Ces derniers présentent toutefois un
problème récurrent dans le sens où partant du principe qu'il ne peut pas
tomber au bord d'un précipice, le joueur se fait surprendre quand
certaines parties du décor en sont soudain dépourvues. Un petit détail
et dans l'ensemble, un plagiat évident, qui n'enlève en rien la
curiosité qui nous motive à descendre toujours plus bas dans ce
tragique périple. Ce n'est de toute façon pas tous les jours que l'on peut jouer à un
beat'em all de très bonne facture tout en stimulant notre culture
littéraire.
Dante's Inferno est un jeu qui va sans
doute pousser un grand nombre de joueurs à lire la "Divine comédie" de Dante
Alighieri tant il s'appuie avec brio sur l'oeuvre du poète italien. On
peut toutefois amèrement regretter que le dernier tiers de l'aventure
multiplie jusqu'à plus soif les vagues d'ennemis, faisant la part
belle aux combats sans fin au détriment de la recherche (qui joue sur
les angles de caméras en fonction des perspectives du décor) et de la
variété des situations vues jusqu'alors. Heureusement, l'histoire et son
background sont d'une efficacité redoutable pour nous scotcher à
l'écran. Les cinématiques sont de plus fantastiques, le doublage parfait
et les musiques collent parfaitement à cet univers auquel on pourra
reprocher de faire dans la facilité concernant certaines textures. Concernant notre personnage, malgré un look tranché, marqué par une
plaie en forme de croix sur son buste, le visage de Dante manque de personnalité. Avec sa témérité, son ton toujours très engagé et sa
violence au combat, ce dernier a clairement des airs de Kratos mais pas le charisme. Un problème chez Visceral si on se
rappelle le visage d'Isaac Clarke (Dead Space 2), trop proche de l'archétype
du héros pour se démarquer de la concurrence. Du guerrier à la faux, on
apprécie tout de même une évolution intéressante car plus il s'enfonce
dans le monde de Lucifer, et plus il adoucit son discours. Un peu comme
si être le témoin de toutes les faiblesses de l'homme changeait son regard
sur l'humanité.
Nous concernant, Dante's Inferno ne chamboulera pas nos habitudes, ni ne
viendra révolutionner le genre, mais il nous assurera de passer un bon
moment dans un défouloir très bien écrit. Et pour ceux qui l'affubleront
de n'être qu'une pâle copie de God of War, il faudra se rappeler que
les aventures de Kratos sont, depuis leur genèse, le résultat de multiples
inspirations, Soul Reaver en tête.
GAMELYMETRE
80%
REALISATION
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15/20
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L'ensemble
est d'une grande cohérence mais certaines textures font vraiment très
pauvres. Les visages sont en revanche de toute beauté, tout comme les
ennemis et les boss gigantesques.
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IMMERSION
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18/20
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Jeux
vidéo et littérature se marient ici à merveille. De quoi éveiller la
curiosité chez ceux qui ne connaîtraient pas l'oeuvre de Dante
Alighieri. Un traitement qui force le respect.
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PROGRESSION
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15/20
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On
se retrouve très vite aspiré par l'histoire et entraîné par l'action de
ce beat'em all qui s'inspire d'autres avant lui en offrant des
situations variées et propres à son univers. Malheureusement,
l'inspiration semble avoir fuit les têtes pensantes de Visceral Games qui ont
multiplié les combats sans fin dans le dernier tiers du jeu. De quoi
freiner nos ardeurs et gâcher une progression qui a pendant longtemps,
tout pour elle.
Le constat est le même pour la difficulté qui se montre
dans le dernier tiers, un brin rebutante si on n'a pas fait évoluer
Dante comme il se doit. A noter que le jeu se termine entre 8 et 9
heures au compteur mais qu'en réalité, en comptant les échecs, les
cinématiques et le temps passé dans l'interface d'évolution, on est plus
proche des 14 heures de jeu.
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MANIABILITE
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16/20
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Dante
enchaîne parfaitement les combos à la faux, à la croix sacrée et ses
pouvoirs magiques sans temps mort. L'utilisation des éléments clés du décor
(corde, escalade) se font aussi dans d'excellentes conditions. Il n'y a
que certains sauts dont la précision laisse à désirer à cause de
perspective parfois difficiles à juger selon l'emplacement de la caméra.
On ne reviendra pas sur les pièges des murs invisibles, tantôt présents, tantôt absents, au bord des falaises.
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FUN
&
GAMEPLAY
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16/20
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Plus
qu'une alternative à God of War, Dante's Inferno est un concurrent
sérieux à qui il manque une meilleure maîtrise de la progression, une
qualité graphique un cran au dessus et une véritable gueule à son
personnage principale. La fin du jeu laisse imaginer une éventuelle suite, ce sera peut-être l'occasion de franchir ces paliers.
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PLUS LOIN
DLC : La forêt sombre
Pour 400 MS Points, vous pourrez jouer à l'un des pires DLC jamais vu. Sans rire, la Forêt sombre offre un contenu scandaleux. L'idée de proposer un niveau inédit mettant en scène Dante
à la poursuite de l'assassin de sa bien-aimée était une bonne idée mais
elle a été complètement bâclée. On a droit à quatre ou cinq arènes
successives où se succèdent les ennemis pour des combats qui n'ont aucun
intérêt puisque nos capacités sont boostées au max d'emblée (quelle que
soit vos stats dans votre partie). Il est donc inutile d'espérer
grimper de niveau ici pour obtenir des succès.
L'originalité vaut pour
le pseudo labyrinthe de la forêt présenté sous la forme de portes
dimensionnelles. Passé ces trois portes, nous voilà déjà devant une
conclusion qui n'en est pas une, où le meurtrier s'échappe en lançant
une phrase énigmatique qui laisse supposer une explication à venir mais
non, rien. Le chapitre se termine donc en une demi-heure mais le pire c'est
qu'on s'est ennuyé, qu'on n'a rien appris sur l'histoire et qu'on a
perdu 5 euros.
(Screenshots éditeur)
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