Editeur : Sony
Développeur : Naughty Dog
Genre : Action / Plates-formes
Joueur(s) : 1 à 8 (multi versus online)
Langage : Français (textes et voix)
Difficulté : Moyenne (4 niveaux)
Durée de vie : Environ 15h
Date de sortie : 14 Octobre 2009
Terminé par le testeur : Oui
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Inconnus avant leur arrivée en 2007, l'aventurier Nathan Drake et sa série Uncharted sont en train de devenir des incontournables parmi les incontournables du jeu vidéo. Ce second épisode dépasse en effet toutes les espérances.
Une histoire...
Il
nous avait épaté par la beauté de ses décors, la maestria de sa
bande-son, la légèreté de son histoire et le caractère séduisant de son
personnage principal. Oui, le premier Uncharted avait
clairement laissé entrevoir un potentiel énorme à développer dans de
futur épisodes et c'est peu dire qu'affirmer que celui-là confirme en
tout point nos attentes. Comme dans l'original, l'écran titre s'ouvre
sur ce superbe thème principal, en passe de devenir une des mélodies les
plus entraînantes du moment. Une fois l'aventure lancée, on récupère un
Drake mal en point, obligé de jouer les acrobates dans un train
prêt à s'effondrer à tout moment au fond d'un ravin bien trop haut pour
espérer survivre. Un peu de plate-forme par ici, un soupçon de
gun-fights par là et voilà que les sensations du premier reviennent
déjà.
Côté histoire en revanche, le style de narration évolue. On comprend
vite que cette scène d'introduction se situe à un stade avancé de ce que
sera notre progression. A bout de force, Nathan s'écroule en
effet dans la neige et se remémore ce qui l'a poussé à en arriver là.
Plusieurs fois, on plonge ainsi dans le passé pour être à la fois témoin
et acteur d'un scénario reprenant toutes les ficelles du film
d'aventure : un trésor, une carte énigmatique, des indices, des méchants
sur le coup, des alliés mais aussi des traîtres, ainsi que des
rencontres fortuites bienvenues.
Ne vous méprenez pas, si Uncharted 2 n'invente rien dans son écriture, il
propose une histoire maîtrisée de bout en bout, mettant en scène des
personnages réussis en tout point, tous crédibles dans leur rôle
respectif. La façon qu'il a de présenter sa trame force aussi le
respect. Après plusieurs heures de jeu, les flash-back finissent par
rattraper le présent que nous sommes à peine plus loin que la moitié de
l'aventure. A partir de ce point, le reste est donc à écrire, au rythme
d'une narration qui enchaîne temps forts et temps calmes avec une
adresse rarement atteinte dans un jeu vidéo. Moment marquant : le
dépaysement garanti lorsqu'on se retrouve en train de découvrir un
village tibétain aux paysages fantastiques, serrant la main de ses
habitants dont on ne comprend pas la langue et qui vaquent à leurs
occupations. Un passage qui vous rappellera peut-être la respiration sur
l'île déserte de Skies of Arcadia, mais avec une population virtuelle dont la crédibilité renvoie directement à Shenmue.
Un jeu
Côté gameplay, les sensations rivalisent de qualités avec celles du récit. Les acrobaties de Drake
s'effectuent de la même manière que dans le premier et les nombreux
échanges de coups de feu mettent l'accent sur la notion d'à couvert. De
ce côté là, Uncharted 2 est toujours ce Gears of War qui aurait troqué ses villes en ruines contre des décors paradisiaques. Comparé à Drake's Fortune,
les ennemis attaquent par vagues encore plus nombreuses et présentent
des profils plus variés. Notre armement l'est aussi, proposant un
arsenal légèrement plus diversifié qu'en 2007, mais limitant le port à
deux armes (un flingue et un fusil) accompagnées de grenades.
Si l'escalade et les "tirs aux pigeons"
restent les passe-temps favoris de notre aventurier, ce second opus met
l'accent sur les situations uniques qui amènent, l'espace d'un chapitre
ou deux, une façon de jouer différente. C'est le cas de ces
fantastiques niveaux passés sur un train à sauter de wagon en wagon,
poursuivi par des hélicos et mitraillé de toute part, invitant à se
faire discret et toujours plus agile. Epoustouflant, d'autant que les
graphismes qui déroulent en arrière-plan sont loin d'avoir été bâclés
sous prétexte d'un défilement rapide. Rapide, il faut l'être quand le
jeu place la caméra face à notre héros pour accentuer une situation
dramatique comme le fait d'être pourchassé dans une allée étroite par un
camion. Dans la veine du premier, on trouve aussi de bonnes
scènes-poursuites remplies d'explosions et d'adrénaline, demandant de
sauter d'un véhicule à l'autre pour en utiliser les tourelles.
Entre deux séquences de ce calibre, alors qu'on pense pouvoir souffler, Uncharted 2
prend un malin plaisir à nous surprendre encore avec des passages de
haute tension. Une poutre qui s'effondre, un pont qui dégringole alors
qu'on venait de l'emprunter ou encore un rocher qui s'effrite tandis
qu'on voulait s'y hisser... les occasions de sursauter et d'avoir le
vertige ne manquent pas, même si on aurait préféré que tout cela soit
davantage interactif. Trop rarement en effet, ces pics émotionnels
imposent au joueur d'intervenir par une action contextuelle, se
contentant la plupart du temps, de faire de nous les spectateurs de
l'agilité de Drake.
Quelques rares faiblesses et de nombreuses forces
On peut noter à ce propos que la notion de danger est pour le moins minimisée dans l'univers créé par Naughty Dog. Souvent accompagné d'un ami ou d'un guide, Drake
franchit des précipices en faisant des bonds de 7 mètres avec une
facilité déconcertante. Si cela passe encore pour lui, il est surprenant
de voir le moindre de ses alliés ne pas réfléchir au moment de
l'imiter. Ces derniers se voyant rassurés d'un simple "Vas-y, je t'attrape".
A plusieurs centaines de mètres d'altitudes, pas sûr qu'une simple main
tendue soit une garantie. Un détail qui peut paraître anodin sur le
plan vidéoludique mais qui lorsqu'on est dedans, nous fait
irrémédiablement sortir du truc en se disant que finalement "ce n'est
qu'un jeu". La cohérence de l'ensemble s'en trouve quelque peu effritée
sur ce point.
Tout comme pour l'IA des ennemis lors des phases d'infiltrations, plus
nombreuses que dans le premier volet. En mode de difficulté normal, les
gardes n'entendent pas leurs collègues crier et ne voient pas un corps
allongé quelques mètres devant eux. Heureusement, quand il s'agit
d'échanger des coups de feu, nos adversaires se montrent moins tête en
l'air. Ils se cachent, balancent des grenades pour nous faire sortir et
laissent progresser leurs alliés les mieux équipés tandis que d'autres
nous contournent. On croisera ainsi régulièrement la route de soldats
blindés de gilets par balles et équipés de fusil à pompe. A dégommer en
priorité avant qu'ils ne s'approchent trop évidemment, à l'instar des
snipers ou des lance-roquettes perchés dans le décor. Pour faire un
strike, on pourra toujours tirer sur des éléments inflammables situés à
proximité d'un groupe ennemi ou lancer une des nombreuses bonbonnes de
gaz traînant ici et là. Le but de la manoeuvre étant de tirer sur
celle-ci avant qu'elle ne touche le sol pour un maximum de spectacle
(pas besoin de viser, la chose est sciptée à conditions de tirer à
temps).
Moins spectaculaires mais souvent saisissantes dans leurs résolutions,
les énigmes proposées sont habilement pensées. Pour les résoudre, le
joueur doit régulièrement fouiller dans le carnet de notes de Drake, rempli d'indications gribouillées. En parcourant celui-ci à notre guise (il suffit d'appuyer sur Select
et de tourner les pages au stick), on se délectera de petits détails
d'appréciations laissés par notre héros, pas avare de croquis et de
portraits. Son vieux compère Sully, en prend notamment pour son grade.
Notre fierté aussi, quand un point de contrôle s'enregistre sans que
l'on ait terminé comme il se doit la séquence précédente. En effet,
après un échec, vous pourrez parfois être surpris de retrouver Drake
sur une corniche que vous n'aviez pas encore atteinte ou derrière une
porte que vous attendiez de franchir afin de nettoyer la zone de
quelques troublions armés jusqu'aux dents avant cela. Il m'est ainsi
arrivé de tomber dans un ravin ou d'être touché mortellement par un
ennemi avant de voir la partie me placer au point de contrôle suivant,
celui-ci s'enregistrant à partir du moment où l'on a franchi une
certaine ligne du périmètre lié à la progression.
Cela se reproduit dit-il assez souvent pour gâcher l'expérience ? Bien
sûr que non. Celle-ci n'est d'ailleurs pas loin d'offrir ce qu'il se
fait de mieux de nos jours. La réalisation est à couper le souffle,
l'ambiance, la mise en scène et l'histoire sont travaillées en
profondeur pour donner l'impression d'assister à un film et la qualité
du gameplay proposé n'a d'égale que la qualité de sa maniabilité,
toujours assistée sur les sauts pour un confort de jeu plus grand, et
quasiment débarrassée des affres de son bouton rond à tout faire
(esquives + mise à couvert), grâce à une utilisation du stick plus
importante dans ces cas là.
Véritable cocktail de qualité, Uncharted 2 se montre au
firmament de cette génération de console dans la notion de rythme.
Suivant l'oscillation émotionnelle de son récit, la progression d'Among Thieves
nous laisse sans voix du début à la fin. On en ferait presque les 26
chapitres d'un trait si la durée de vie ne frôlait pas les 15 heures
(même si mon compteur en affichait 12, il semble ne pas prendre en
compte les échecs et les cinématiques). Même quand on en a fait le tour,
ce deuxième épisode offre tout ce qu'il faut pour y revenir.
Il y a pour commencer, plusieurs raisons de refaire l'histoire. Essayer
les niveaux de difficulté plus élevés ou partir à la recherche des 100
trésors comme dans l'opus précédent, sont les plus facultatives d'entre
elles et ne concernent que les férus de Trophées. Les simples
curieux pourront eux, refaire le jeu en mode miroir, avec une vitesse de
déplacement augmentée ou diminuée, en activant un filtre sépia sur
l'image ou encore, en changeant les proportions des corps (grosses
têtes). Pour plus de sérieux mais pas moins de plaisir, on s'assurera de
refaire le jeu en ayant toujours en poche le Desert Eagle et le
lance-grenades avec munitions illimitées. Autant de bonus à débloquer en
troquant les points obtenus selon nos actes lors de notre première
campagne. Des points que l'on peut aussi échanger contre différents
making of (procédé récurrents des exclus Sony) nous plongeant au coeur de Naughty Dog.
Bref, pas mal de choses à faire qui feraient presque oublier la
présence d'un excellent multijoueur, parfaitement pensé et jouable
jusqu'à 5 contre 5 en ligne. Véritable jeu dans le jeu, il propose un
système de progression sur le long terme ainsi qu'un gameplay et des
modes de jeu au plaisir immédiat, permettant à quiconque de s'amuser
sans trop souffrir de la différence de niveau. Si plusieurs bugs de
réalisation étaient à signaler au départ, ils ont été corrigés depuis
par l'intermédiaire de mises à jour et trois ans après la sortie du
titre, on trouve encore sans problème de très nombreux joueurs. Cerise sur le gâteau, la présence de missions à parcourir en coopération ! Un vrai régal !
Que ce soit pour son solo ou son multi, ce succès sur la durée est des
plus mérités. La tâche la plus difficile sera maintenant de faire au
moins aussi bien avec les suites à venir. On en salive déjà !
GAMELYMETRE
93%
REALISATION
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19/20
|
Epoustouflant
la plupart du temps, Uncharted 2 est parvenu à corriger l'aspect
artificiel que donnaient les décors du premier volet sans perdre en
qualité. Dépaysants, variés, vertigineux et offrant une profondeur de
champs peut-être jamais vue sur console, les décors sont à tomber. Tout
comme la mise en scène et les passages à grande vitesse.
On ne mettra pas 20/20 pour certains visages qui offrent des yeux
magnifiques mais qui semblent parfois mal insérées au reste (comme ceux
d'Helena) et une vilaine tendance à nous faciliter la tâche en nous
propulsant par anticipation, au point de contrôle suivant.
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IMMERSION
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18/20
|
Les
personnages et les relations qu'ils entretiennent ont encore gagné en
profondeur. Le scénario emprunte les clichés du genre aventure mais il
le fait avec brio. Si les musiques de Greg Edmonson et le doublage
français sont d'une extrême qualité (sans exagérer), l'immersion
d'Uncharted 2 passe aussi par ses paysages et sa façon d'impliquer le
joueur par l'émotion (le train, les évènements surprises...) et la
sensibilité (la découverte du village tibétain).
Un bémol, chaque personnage semble avoir fait 10 ans de cirque et
effectue des sauts qu'on pensait réservés aux personnages principaux de
ce genre de jeux.
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PROGRESSION
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20/20
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Une
narration classique au cinéma qui devient astucieuse sur nos consoles,
un enchaînement de situations désespérées chargées d'adrénaline et des
temps morts qui laissent à peine le temps de respirer avant de repartir à
l'action, Uncharted 2 est un modèle de progression dont tous les jeux
devraient s'inspirer.
Qu'il est rare en effet d'apprécier un jeu du début à la fin. Un
sentiment dû à la cohésion d'un ensemble regroupant gameplay, histoire,
personnalités des personnages et qualité des objectifs proposés. Quand
ce n'est pas l'un qui guide notre envie d'avancer, un autre prend le
relais. Sans compter que les quinze heures de durée de vie de la
campagne (auxquelles s'ajoute son fort potentiel de rejouabilité) ne
constituent que la partie visible de l'iceberg. L'offre multi étant elle
aussi, considérable.
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MANIABILITE
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18/20
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C'était
déjà très bien avant, ça l'est encore plus maintenant que le bouton
rond est moins capricieux. En s'aidant du stick et grâce à un
level-design mieux étudié, il est beaucoup plus rare de se retrouver
collé derrière un mur alors qu'on voulait rouler au sol. Au pire, on en
sort très facilement.
Pour le reste, les sauts restent assez assistés (Drake tend toujours la
main vers là où il faut sauter) et l'utilisation des armes fait preuve
d'un confort et d'une précision que bien des jeux aimeraient reproduire.
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FUN
&
GAMEPLAY
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18/20
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Exquise,
la recette reprend les ingrédients du premier et rajoute pas mal
d'inattendus et de variété là où le précédent opus se montrait
finalement trop classique dans son approche. Pour être parfait, le
gameplay aurait maintenant besoin de passages d'infiltration plus
travaillés et d'une utilisation des armes peut-être un brin plus
approfondie. Quelques actions contextuelles supplémentaires nous
auraient permis d'être par endroits plus acteur que spectateur mais on
chipote dans un jeu au fun immédiat et constant.
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(Screenshots éditeur)
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