Editeur : 2K Games
Développeur : Gearbox software / 3D-Realms
Genre : FPS
Difficulté : Moyennement difficile
Durée de vie : 15h environ
Joueur(s) : 1 (pas de coop)/ 2 à 8 (VS Online)
Langage : Français (textes et voix)
Date de sortie : 11 Juin 2011
Terminé par le testeur : Oui
|
13 ans que son premier trailer était montré à l'E3. Décalé, repoussé, annulé, enterré, abandonné par certains avant d'être repris par d'autres, de nouveau annoncé puis une dernière fois reporté, Duke Nukem Forever est enfin là. Reste à savoir si cette attente justifie l'investissement.
"J'suis pas mort et j'en veux encore !"
Tout d'abord,
un peu d'histoire. Le Duke est né en 91 sur ordinateur dans un jeu
d'action / plates-formes 2D qui connaîtra une suite en 93. Il devient
ensuite un FPS, Duke Nukem 3D, toujours sur PC (1996),
avant de
connaître une adaptation réussie sur Saturn (1998) et une autre aussi
soignée que complète (bien que légèrement plus sage) sur Nintendo 64,
incluant trois épisodes additionnels sortis sur PC. Téméraire,
irrévérencieux et vulgaire, le Duke fait un carton. Il botte le cul des
extraterrestres et les humilie en exprimant son plaisir à travers des
phrases devenues cultes comme "Come get some" ou " Yeah, piece of cake" !
Devenu star, il se voit décliné à plusieurs sauces, pas toujours très
goûteuses, comme Time to Kill (PS One) et Zero Hour (N64), se jouant tous deux à la troisième personne. Ce que le monde du jeu vidéo attend pourtant, c'est sa véritable suite
en FPS. Le jeu ayant été annoncé et montré à l'E3 98, l'espoir s'est
muté en attente et elle promet d'être longue.
Trois ans plus tard, le
jeu se montre sous un nouveau visage à l'E3 2001. Le moteur graphique
n'est plus le même, mais la bande annonce déchire et chacun reprend
espoir. Sauf que le jeu ne sort toujours pas. Entre 2003 et 2008,
d'autres trailers sont montrés à l'E3 avec encore, un moteur graphique
différent. Duke Nukem Forever le bien nommé devient la plus grande
arlésienne que le jeu vidéo ait connu avant que la rumeur de son abandon
définitif ne circule en 2009 lorsque 3D-Realms (le développeur
original), dépose le bilan. Le jeu est finalement repris par Gearbox
Software. La reprise du projet par les développeurs de Borderlands est
décrite comme une volonté de Randy Pitchford, l'un des cinq fondateurs de
Gearbox, mais aussi ancien de 3D-Realms ayant travaillé sur Duke Nukem
3D. Le jeu est d'abord annoncé le 1er avril 2011 (la bonne blague),
avant de sortir le 11 juin 2011. Ce jour-là, Duke Nukem Forever a déjà
14ans.
Le disque placé dans la console,
Duke apparaît plus fier que jamais, entouré de deux bombes sexuelles
devant lesquelles il lance deux dés ornés des
logos 3D-Realms et Gearbox Software. Le titre apparaît ensuite au-dessus du drapeau américain de la même façon qu'il
l'avait fait lors du trailer de l'E3 2001. Pas de doute, l'ambiance est
là et les clins d'oeil promettent d'être nombreux.
"Duke 1, la machine 0" ou pas...
Le problème des jeux en développement depuis trop longtemps, c'est que
forcément à un moment donné, ils payent le poids des années. C'est ce que
l'on ressent dès le départ avec Duke Nukem Forever. Le jeu n'est pas
moche, mais les graphismes sont datés et ressemblent à ceux que l'on
pouvait voir à la sortie de la machine en 2005. Cela reste assez beau
pour apprécier les jolis minois et courbes avantageuses des jumelles
qui ne quittent pas Duke (c'est le moins qu'on puisse dire) tandis que celui-ci joue à Duke Nukem 3D dans
son salon (on veut même nous faire croire que c'est le début du jeu).
Après avoir sauvé le monde, notre héros jouit d'une renommée sans borne.
Son domicile est un véritable palace à sa gloire et tout ce que l'on y
trouve est à son effigie. Statues, jouets, plateau TV, fast-food,
boissons... le Duke est partout et tout le monde en est fan. On se
régalera ainsi d'entendre les PNJ lui léchaient les bottes avec une
mention spéciale pour le "j'ai appelé ma fille Dukette". Tout cela n'est
pas pour déplaire au grand blond en débardeur rouge puisqu'une
interaction avec les miroirs permet de l'entendre dire des trucs du
genre "On a envie de toucher hein". Le reflet du miroir est aussi
l'occasion de constater que l'animation du saut est minable au possible,
mais on va dire que c'est une volonté de parodier les FPS à l'ancienne
(le perso saute sans bouger les bras).
Doublé en VF par Daniel Beretta (Schwarzie au ciné et Sam Fisher sur
consoles), monsieur Nukem comme l'appellent certains, a gardé ce
charisme qui le rend si unique. Il ne respecte rien ni personne à part
lui-même. Il urine sur ses ennemis, tient tête au Président des Etats-Unis et
se moque de certains rivaux vidéoludiques comme le Master-Chief
quand un soldat lui propose de se protéger d'une armure (deux autres
clins d'oeil de ce genre sont dissimulés dans le jeu, visant Dead Space et Borderlands).
Un régal pour les connaisseurs, qui ne
manquera pas de faire sourire à l'instar des autres références,
multiples,
dissimulées un peu partout. Tout le monde ne les saisira peut-être pas
car pour certaines, il faut une culture bien particulière. Exemple
parmi d'autres, entendre une réplique de South Park issue de l'épisode
des gnomes voleurs de slips et leur "phase 3" dédiée au profit.
Duke Nukem Forever n'est donc pas des plus beaux à regarder (n'en
déplaise à son héros), mais il est un régal pour nos oreilles, même si les
musiques n'ont rien d'exceptionnel et se contentent de reproduire la
pêche de celles du premier volet FPS.
S'il est plus ou moins simple de décrire ce que le jeu de Gearbox et
3D-Realms apporte à nos sens, il est plus compliqué de donner un avis
sur le plaisir qu'il propose via son gameplay. FPS bourrin au rythme
endiablé, Duke Nukem 3D était plus classique dans le fond que ne
l'était son univers ou son ambiance. Une recette qui pouvait fonctionner
il y a 15 ans mais qui aujourd'hui, alors que le genre est saturé en
quantité et en qualité depuis des années, fait pale figure.
Les premiers niveaux paraissent ainsi bien pauvres en échanges de
coups de feu et leur level-design est sans surprise. On a
droit à des ennemis apparaissant dans des couloirs où Duke peut tirer, recharger, sprinter, s'abaisser
et sauter. A ce stade, les armes n'ont rien d'original non plus et on a
l'impression d'être parti pour s'ennuyer.
On avance quand même, histoire d'entendre ce qu'a à dire le Duke, jusqu'à l'entendre bougonner dans
une voix gonflée à l'hélium, "j'suis pas un jouet, j'suis une figurine
gamin". A ce moment là, notre personnage vient d'être rétréci et le
gameplay évolue. Compliquant certains face-à-face, et imposant des
passages de plates-formes plutôt réussis. Un concept que l'on retrouve
plus tard dans le jeu, plus approfondi encore, permettant l'espace d'un
court instant, de bénéficier d'un fusil à particules qui
réduit nos ennemis en insectes que l'on écrase sous la semelle.
Parce qu'il trouvait que ces situations ne collaient pas à l'univers de Duke, certains ont lâché le jeu à ce moment là. D'autres ont inversement été emballés. C'est mon cas ! Et puis de toute façon, quand un jeu met 14
ans à arriver, la moindre des choses, c'est d'aller au bout. Question de
culture !
Il n'y a que comme ça que l'on pourra apprécier les phases en véhicules. Que ce
soit dans une voiture téléguidée ou dans un
Monster Truck très efficace, le fun est au rendez-vous avec une
maniabilité qui confère de bonnes sensations. De ce fait, le coeur du
jeu se montre franchement agréable. L'extase n'est toutefois pas au
rendez-vous car l'ensemble manque de nervosité et les ennemis sont au
final assez peu variés. Reste que certaines situations sont tellement
improbables qu'on les apprécie. Il faut dire que ce n'est pas tous les
jours qu'on a l'occasion de vivre un gunfight sur étagères de cuisine
interposées, caché derrière des pots de mayo floqués "Duke Nukem".
Comme à l'époque, notre sauveur de l'humanité ne peut emporter plus de deux armes avec lui
et son inventaire se constitue de quatre objets pouvant lui sauver
la mise à tout moment. Tous d'usage temporaire, on trouve parmi eux : l'Holoduke qui crée un hologramme sur lequel les
ennemis concentrent leurs tirs l'espace d'un instant ; les stéroïdes qui prêtent une force invincible à mains nues ; et la bière qui trouble notre vision mais empêche de succomber à nos blessures tant que l'alcool garde son emprise sur Duke, quel que soit l'état de notre barre de vie. Ce n'est pas une barre de vie d'ailleurs mais d'égo. On peut
l'augmenter en déclenchant de nouvelles interactions avec certains éléments
de décors. De quoi nous obliger à fouiller les niveaux un minimum pour
obtenir une résistance respectable avant que les affaires ne se compliquent
vers la fin.
Puisqu'on en parle, certains niveaux (et le boss Octoroi en
particulier) sont de véritables tares puisqu'ils promettent à la plupart
des
joueurs de nombreux échecs avant de passer au suivant et ce, même avec
la difficulté réglée sur "Moyen" (2/4). Le plus énervant dans tout ça
n'est pourtant pas le fait de devoir tout recommencer puisque
les points de contrôle sont nombreux. Non, ce qui donne envie de criser
quand
on échoue dans Duke Nukem Forever, c'est de devoir se taper des temps de
chargement qui durent une trentaine de secondes à chaque fois qu'un
niveau ou qu'une partie se lance. Trente secondes de temps de chargement
! Un supplice vidéoludique qu'on ne pensait ne plus jamais vivre depuis
la fin de l'ère 32 bits et pourtant, Duke Nukem nous le sert sur un
plateau. Le pire, c'est qu'installer le jeu sur le disque dur de la
console ne fera que les raccourcir de quelques secondes.
De quoi casser définitivement le rythme d'une progression qui jusqu'au bout, ne sait
sur quel pied danser. Car après des débuts molassons, le jeu qui
semblait avoir trouvé son rythme se tire une balle dans le pied en
incluant dans les derniers niveaux (il y a 23 chapitres), quelques
passages sous-marins complètement ratés. Entre les textures accrocheuses
qui plombent une maniabilité déjà peu enviable dans l'eau et un souffle
en apnée inférieur au commun des mortels, le Duke fait peine à voir.
Encore une fois, parce que c'est lui et qu'on l'attendait depuis
longtemps, on passe outre pour connaître la conclusion d'un titre qui
sait se montrer divertissant par endroits, avant de frôler l'instant
d'après, la
catastrophe vidéoludique. On pense notamment à des séquences de railgun
totalement dispensables ou des passages de réflexion sortis de nul part
qu'on n'attendait pas ici. Mais les bons côtés sont aussi nombreux,
comme ces combats contre des boss gigantesques, grande tradition de la franchise, obligeant à tirer sans jamais stopper nos déplacements. On
appréciera aussi d'achever ces derniers à coups de poing dans les bijoux de familles. Sans oublier le
niveau dans le bar à strip-tease, une excellente respiration
qui permet de côtoyer l'univers de Duke au plus près.
Bref, difficile de dire au final si
Duke Nukem Forever comporte plus de bons côtés que de mauvais. Issu
d'un développement ô combien chaotique, il a pour lui le mérite de nous
offrir quelques bons moments de détente et de nous emmener dans les
coulisses de son univers. Les fans pourront
apprécier ou ne pas supporter de voir leur héros perdu au milieu d'un
jeu au rendu inégal. Même dans sa conclusion, après nous avoir déçu dans sa dernière
ligne droite aquatique, DNF trouve le moyen de nous redonner le sourire avec un clin d'oeil irrévérencieux à Modern Warfare. Quand
on vous dit qu'il ne respecte rien ni personne.
GAMELYMETRE
74%
REALISATION
|
13/20
|
Les
visages sont plutôt réussis, l'ensemble n'est pas désagréable pour nos yeux
et l'impression de vitesse décoiffe quand on conduit les bolides. Mais à
y regarder de plus près, les décors manquent de finitions, certaines
textures rappellent presque Duke Nukem 3D et l'animation des personnages est
ratée. Ajoutons à cela des temps de chargement incroyablement long qui font perdre un point à la note tellement la chose relève d'un affront fait aux joueurs.
|
IMMERSION
|
17/20
|
Doubler
le Duke en VF aurait pu être une très mauvaise idée mais Daniel Beretta
assure. Vu le nombre de répliques et de dialogues, c'est beaucoup mieux
ainsi histoire qu'un maximum de personnes puisse saisir les nombreuses
références dont on se délecte tout au long de la campagne. Les musiques
font leur office.
Les différents niveaux nous permettent de
mesurer l'importance du Duke dans son monde après ses exploits de 1996.
Un univers aussi amusant que réussi.
|
PROGRESSION
|
13/20
|
15
heures pour un FPS, c'est franchement long, surtout de nos jours. Sauf
qu'une bonne moitié de cette durée de vie est consacrée à des passages
qui donnent envie de lâcher le jeu et d'insulter tous ses concepteurs.
Heureusement, la variété des situations relance l'intérêt.
Hormis pour quelques succès, on n'y reviendra pas ensuite. Un mode multi
est disponible mais 15 jours après la sortie du jeu, les serveurs
étaient déjà déserts. Navrant.
|
MANIABILITE
|
16/20
|
Bizarrement,
la maniabilité de Duke Nukem Forever surprend là où on ne l'attendait
pas. Les phases de plates-formes et de conduites offrent ainsi un
grand
confort. La précision des tirs se situe dans une bonne moyenne du
genre avec possibilité de régler la sensibilité du viseur. En revanche,
les déplacements sous l'eau sont médiocres, comme dans beaucoup de
jeux.
|
FUN
&
GAMEPLAY
|
15/20
|
D'un côté, l'ambiance clin d'oeil multiples, le côté vis ma vie de Duke Nukem
et des passages amusants plaçant le grand blond au marcel rouge dans
des phases bien pensées et maîtrisées. De l'autre, des passages où règne
le vide intersidéral du FPS, quelques mauvaises idées de gameplay, une bonne dose de maladresses et un manque de
finition évident. Cela dit, si vous êtes aussi bon public que moi, vous avez peut-être tendance à vous
rappeler principalement des bonnes choses alors...
|
(Screenshots éditeur)
|