Editeur : Electronic Arts
Développeur : Double Fine Productions
Genre : Beat'em all / Stratégie
Difficulté : Moyenne
Durée de vie : 8h environ
Joueur(s) : 1 2 en versus (online dispo)
Langage : Français (textes et voix)
Date de sortie : 16 Octobre 2009
Terminé par le testeur : Oui
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Quand Tim Schafer, créateur de Monkey Island, décide de se pencher sur un jeu avec l'acteur Jack Black, cela donne Brutal Legend, une sorte de "truc qui balance du tonnerre"...
Guitare héros !
La marque de fabrique de Tim Schafer, c'est de faire des jeux qui étonnent, surprennent. Plutôt discret depuis le début des années 2000 où il n'a sorti que Psychonauts, il signe avec Brutal Legend,
un nouvel ovni. L'introduction donne le tempo avec une séquence live
mettant en scène Jack Black nous invitant à le suivre chez le disquaire
du coin. L'acteur souhaite nous montrer un album secret, que seuls
quelques élus connaissent. La pochette s'ouvre et nous voilà plongé au
coeur d'un concert de métal.
L'interprète de Super Nacho y est modélisé dans la peau d'Eddie Riggs,
un roadie qui veille à ce que la fête se déroule du mieux possible.
Toujours en retrait, car pour lui un bon roadie est un roadie qu'on ne
voit pas, il est forcé de se mettre en avant pour aider un artiste en
détresse lorsque la scène s'effondre. Cette entorse à ses principes lui
est fatale et le malheureux finit écrasé sous un élément de décor.
Il se réveille dans le monde du Heavy-Metal, un endroit où tout tourne
autour de ce genre musical. Monuments à la gloire d'artistes mythiques,
présences de certaines légendes métalleuses (Ozzie Osborne y tient un
garage) et clins d'oeil multiples constituent cet univers où s'épanouit
totalement notre héros. Les joueurs métalleux se délecteront d'une
bande-son contenant une centaine de titres célèbres capables de
convertir les plus incultes comme moi. Ce monde n'est toutefois pas un
Disneyland du métal et histoire que l'on ait quelque chose d'autre à
faire que d'écouter la musique, Tim Schafer est allé nous pondre un conflit de derrière les fagots entre les gentils métalleux et les méchants "Demonix".
Après quelques minutes de gameplay, le premier contact avec Brutal Legend
laisse penser qu'on est ici en présence d'un banal beat'em all à
l'univers bien barré. C'est en réalité bien plus compliqué que ça.
Premièrement, le jeu se présente comme un monde ouvert où il est
possible de naviguer comme bon nous semble, de préférence avec la caisse
(dîtes "Deuce") d'Eddie, à la recherche de différents
objets
présentant un intérêt plus ou moins important. Dans la liste des
objectifs secondaires très
futiles, il nous est demandé d'admirer tous les monuments du
jeu, de délivrer tous les dragons enchaînés (il y en a une centaine) ou
d'effectuer des missions annexes. Très courtes, ces dernières
varient les approches (tendre un guet-apens, jouer les escortes de
service, porter une course...) et n'ont d'autre but que de nous faire
gagner de l'argent. On dépensera les sommes amassées au garage d'Ozzie
Osborne (je vous avais prévenu) permettant de customiser notre "Deuce",
d'acquérir de nouvelles techniques de combat et d'améliorer notre guitare.
L'instrument à corde est clairement LE symbole du jeu. De ce fait, Eddie
ne s'en sépare jamais et se défend même avec. Outre les coups spéciaux,
elle lui confère des pouvoirs magiques dont la liste s'allonge chaque
fois qu'il découvre un nouveau solo (quelques uns sont scriptés, d'autres sont à découvrir en cherchant).
En l'état, et malgré les nombreux détails liés au Metal qui lui donnent un cachet à part, Brutal Legend rappelle Viking Battle for Asgard
pour son gameplay, chose qui se confirme lorsqu'on découvre les phases
de stratégie, faisant penser aux batailles rangées du jeu édité par Sega. Pour autant, le concept est ici plus poussé et demande une réflexion autrement plus grande que sur les terres du Midgard.
Venant ponctuer chaque niveau après le premier tiers du jeu, les batailles de scènes comme on les appelle, font d'Eddie
un général des armées. Toujours dans le tripe concert de métal, il
s'agit de prendre possession de plusieurs feux incandescents
représentants des milliers de fans à convertir à notre musique. A chaque
prise réussie, il suffit de jouer le solo "Hommage aux fans" pour que
le feu se transforme en stand de goodies. Pas facile à expliquer mais
pour faire simple, plus il y a de stands de goodies aux couleurs d'Eddie
et sa bande, et plus notre nombre de fans augmente. Ces derniers ne
sont pas là pour flatter les ego mais font figure de monnaie d'échange
pour se convertir en différentes unités de combat à disposer sur le
champ pour défendre nos positions et attaquer. Géants équipés
d'enceintes surpuissantes, char destructeur ou poignée de motards armés
de cocktail Molotov en sont quelques exemples. Une fois sur le champ de
bataille, tout ce petit monde suit nos ordres au doigt et à l'oeil via
la croix directionnelle. Enfin, en théorie, car il est très facile de se
mélanger les pinceaux avec une interface qui montre ses limites. Pour y
voir plus clair, grâce à une pirouette scénaristique, Eddie peut
prendre de la hauteur afin de se déplacer plus vite d'une extrémité de
la carte à une autre. La bataille s'achève une fois qu'un camp à détruit
la scène adverse. Autant dire que ceux qui seront les plus rapides à se
constituer un maximum d'unités l'emporteront.
Original en tout point, le concept fonctionne en solo comme en multi (où
l'on apprend à manier les unités ennemies), même si certaines joutes
peuvent donner l'impression de s'éterniser.
Ce n'est pas forcément l'envie que l'on a devant notre télé revanche.
Car malgré ses nombreuses trouvailles et ses indéniables qualités
créatives, Brutal Legend ne se montre pas des plus
captivants. Son univers a beau avoir été bien pensé, sa faible
réalisation graphique et son monde ouvert peu attirant n'invite pas à
s'investir sur le long terme. Du coup, on se retrouve à tracer d'un
objectif principal à l'autre, snobant les nombreux à côtés pas toujours
bien mis en valeur, dans le but de connaître la fin d'une histoire qui
ne se montre que trop rarement accrocheuse. Double Fine ayant connu les pires difficultés pour sortir son jeu suite à un clash avec le patron d'Activision (le jeu est finalement sorti chez EA), il faut peut-être voir là une explication au manque de finition qui caractérise le nouveau jeu de Schafer. A l'arrivée, les plus curieux auront raison de se pencher sur Brutal Legend,
mais il n'est pas dit, et on ne leur en voudra pas, qu'ils prennent
suffisamment leur pied pour rester jusqu'au bout du concert.
GAMELYMETRE
70%
REALISATION
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11/20
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Clipping,
manque de détail, design grossier... Brutal Legend n'est pas digne de
cette génération de machines, mais son monde ouvert aux contrées vastes
et variées lui offre la moyenne. Le level-design et les monuments plutôt
réussis lui permettent de la dépasser.
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IMMERSION
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18/20
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L'univers
du Heavy metal est transposé avec brio dans un monde d'heroic fantasy.
La bande-son est un régal, le doublage est parfait et l'humour rappelle
celui des jeux Oddworld. Dommage que le scénario enchaîne les clichés...
et pas toujours de façon parodique.
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PROGRESSION
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13/20
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8
heures voire un peu plus avec les game over pour la campagne solo, et
la possibilité très appréciable de se balader à posteriori pour
effectuer toutes les missions annexes ou recherches de façon entièrement
libre.
Malheureusement, le déroulé de l'aventure se montre parfois
soporifique et ce, malgré le soin particulier concernant la variété des
situations.
Le multi peut donner lieu à quelques parties d'échecs sympas, à conditions de trouver des adversaires.
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MANIABILITE
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15/20
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Eddie n'est pas le plus dynamique des héros de beat'em all mais les commandes sont simples et à part l'absence de bouton saut, les frustrations sont rares. L'interface générale est bien pensée à l'inverse des ordres souvent confus en mode RTS.
La "Deuce" est agréable à conduire.
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FUN
&
GAMEPLAY
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13/20
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Baston,
musique, stratégie, course... Tim Schafer mélange les genres sans
trouver la formule de l'éclate totale. On peut saluer l'effort conssenti
pour rendre tout cela cohérent mais Brutal Legend marquera davantage les joueurs pour son univers que pour le fun prodigué manette en main.
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(Screenshots éditeur)
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