Editeur : Konami
Développeur : Kojima Productions
Genre : Action / Infiltration
Joueur(s) : 1
Langage : Anglais (voix) / Français (textes)
Difficulté : Facile (3 choix + 1)
Durée de vie : Environ 20h en solo
Date de sortie : 12 Juin 2008
Terminé par le testeur : Oui
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Hideo Kojima nous livre la conclusion de son oeuvre majeure, une des sagas les plus matures et profondes du jeu vidéo. Sortez les mouchoirs, c'est le baroud d'honneur du légendaire Solid Snake.
Is it pretty good ?
Au
delà de l'affection particulière que j'ai pour la série Metal Gear, je
dois bien avouer qu'à chaque fois que j'ai commencé un nouvel épisode,
l'envie d'abandonner dans les deux premières heures de jeu m'a traversé
l'esprit plus d'une fois. Ca me désole presque de devoir commencer le
test d'un tel jeu de la sorte mais il faut le reconnaître, si Kojima est
doué pour raconter une histoire, il ne l'a jamais été pour doter Snake
d'une maniabilité de qualité.
Oui, malgré une caméra
placée dans le dos de notre personnage et suivant dorénavant ses
déplacements, diriger Snake n'est pas toujours d'un grand confort. Lors
des premiers instants manette en main, cette caméra paraît d'ailleurs
trop rapprochée pour nous offrir une bonne vision d'ensemble. Les choses
s'améliorent quelque peu d'un chapitre à l'autre mais la rigidité de
Snake et l'ergonomie de sa panoplie de mouvement restent des constantes
négatives auxquelles le joueur doit s'adapter avant de prendre du
plaisir. Ainsi, passer en position allonger se fait toujours en deux
étapes, les interactions avec le décor manque encore de souplesse et
l'accès à l'inventaire entraîne quelques galères, que les nouveautés de cet opus ne font que décupler comme on le verra un peu plus bas.
Quoi qu'il en soit, il est nécessaire de s'acclimater (une fois de
plus) à ces défauts pour ne pas passer à côté d'une expérience
vidéoludique hors normes.
Une des forces principales de MGS
est depuis toujours son univers. Personnages travaillés au charisme
ravageur, rebondissements vertigineux et embranchements étroits entre
chaque épisode ont fait du récit de Kojima une des histoires les
plus
complexes et passionnantes des jeux vidéo. Pour le bien de tout lecteur
qui n'aurait pas encore joué à ce titre ou un précédent, je tâcherai de
dévoiler ici un minimum d'informations car l'effet de surprise et le
contre-pied scénaristique font partie de l'expérience souhaitée par le
génie japonais. Ceux qui ne se sont pas encore remis du sentiment de
manipulation de Sons of Liberty ou encore des multiples révélations de
Snake Eater savent à quoi s'attendre. Pas étonnant donc qu'en moins
d'une heure de jeu, toutes les supputations que l'on pouvait faire sur ce
quatrième épisode partent en fumée avec des réponses rapidement amenées
pour soulever d'autres questions.
Les trailers montraient depuis toujours
un Snake vieux et portant un cache sur son oeil gauche. On pouvait donc
se demander si on allait jouer le réel Solid Snake ou un de ces ancêtres
voire un clone... mais cela amenait aussi à se demander quand se déroulerait
l'action puisque dans ces mêmes trailers, on pouvait voir un Raiden, marqué par de nombreuses expériences. Bref, beaucoup d'interrogations
qui sont rapidement balayées par des éléments à la fois simples et
complexes qu'il faut découvrir par soi-même en jouant ou... en regardant.
En effet, s'il y a un bien un point sur lequel le studio Kojima
Productions n'a pas lésiné pour ce Guns of the Patriots, c'est sur la
quantité des cinématiques (et leur qualité). Magnifiquement réalisées et mises en scène,
elles représentent tout simplement un peu moins de la moitié du jeu en
termes de durée de vie. Plus précisément, il faut compter 9 heures de visionnage.
Oui, vous avez bien lu, 9 heures de cinématique dans un jeu. Outre le
fait que c'est là un procédé qui fait honneur à la capacité de stockage
du BlueRay puisque tout tient sur un seul disque (Otacon y fait d'ailleurs une amusante référence au milieu de l'histoire), cette caractéristique ferait
presque passer MGS 4 pour un non-jeu au regard des nombreuses scènes
regardées, qui auraient tout à fait pu être jouées. Et pourtant, le tout
est tellement bien réalisé, qu'on n'a pas envie de s'en plaindre. On est
d'ailleurs tellement captivé la plupart du temps, que l'on en oublie
presque de répondre en temps voulu au QTE permettant de voir à travers
les yeux de Snake (comme dans MGS 3) ou encore ceux faisant apparaître
de légers flashback se référant aux épisodes antérieurs.
Comme si cela ne suffisait pas, le jeu propose entre chaque chapitres
(il y en a 5), des briefings semi-interactifs. Se déroulant dans le
Nomad, sorte d'avion camping-car servant de base à Otacon et Snake, les
briefings sont des cinématiques où le joueur peut choisir son point de
vue. Regard de Snake, multi-angles, caméra de surveillance, objectif ciblé sur
l'action... il est aussi possible de se balader librement avec le Metal Gear MK2, petit robot mis au point par l'otaku savant, pouvant s'avérer très
utile sur le terrain grâce à sa capacité d'invisibilité et sa fonction
éléctrocution.
A pleurer
Pas question encore une fois de dévoiler
ici ce qui peut bien se raconter durant ces nombreuses heures de
cinématiques et briefing. Il faut juste savoir que tout ou presque y est
expliqué. Les récits des uns et des autres sont même suffisamment
détaillés pour remémorer aux joueurs des évènements qu'ils auraient pu
oublier tant d'années après la sortie des précédents volets. Au pire,
cela ne fera que vous redonner envie de refaire tous les épisodes d'un
coup. On se délecte en tout cas de revoir apparaître ici des alliés et
ennemis que l'on croyait perdus de vue ou morts depuis longtemps. Chacun
d'entre eux a de plus eu le temps de mûrir et apparaît de ce fait
évolué avec le poids des années. Un vrai travail d'écriture qui
n'oublie pas quelques traits d'humour (Sasaki est plus que jamais
présent) pour détendre l'atmosphère. Le casting est donc aux petits
oignons et fait aussi la part belle aux ... belles femmes. La gente
féminine, magnifiquement représentée, mettra de nombreux joueurs en émoi
et convaincra les plus frileux avec une unité d'élite adverse pleine du
surprise et de tourments à défaut d'égaler le style et la classe de l'unité Cobra. La B&B Corps
comme on l'appelle, est d'ailleurs et sans doute l'unité ennemie la
moins charismatique de la saga mais ça ne l'empêche pas d'avoir des
arguments à faire valoir.
Dans un autre registre, on note l'apparition d'un marchand d'armes aussi
bavard que mystérieux répondant au nom de Drebbin. Si je me permets d'en
parler ici c'est parce que ce dernier apporte un élément novateur dans
le gameplay avec la possibilité d'acheter des armes et équipements à
tout moment.
La monnaie d'échange se caractérise par des Drebbin
points accumulés en cours de jeu selon nos performances dans chaque
niveau (ennemis vaincus, alertes déclenchées...). Bizarrement, et à
l'inverse de ce qu'on a pu voir dans un Resident Evil 4 par exemple, le
magasin de Drebbin est accessible n'importe où et à tout moment. Il
suffit de faire pause pour y accéder et acheter munitions et nouvelles
armes. Sympa et pratique en soi, mais laborieux
dans l'exécution puisqu'il faut passer par le bouton "Start" avant de
se retrouver devant une interface confuse. Le côté "j'achète des munitions en plein
milieu d'un combat" manque aussi cruellement de réalisme dans une série
où il fallait encore veiller sur sa faim il n'y a pas si longtemps.
Quoi qu'il en soit, l'arsenal n'a jamais été autant fourni dans un Metal
Gear et si cela à un côté jouissif bien venu pour le fun, cela joue
fortement sur la difficulté du titre, qui n'a jamais été aussi basse par
défaut. Ceux qui veulent galérer à l'ancienne passeront donc directement
en mode difficile ou par l'intransigeant mode extrême déblocable en
terminant une première fois le jeu.
La fin du jeu est encore une fois
explosive, renversante et n'en finit plus de mettre la barre de plus en
plus haut en terme d'intensité et de mise en scène. Sachez au passage
que la séquence de fin termine de nous asseoir avec une baffe énorme à la clef. La petite larme (où les
grosses) guettera les plus accrocs à l'univers de Metal Gear. Sans
parler du fait que la bande originale, signée Harry
Gregson-Williams et Nobuko Toda, est une nouvelle fois digne des plus
grands morceaux de cinéma. Le thème principal (qui n'est plus le même sachez-le) parvient à magnifier la
mélancolie perpétuelle du titre à l'aide de quelques notes de guitare
parties pour résonner très longtemps dans la tête du joueur.
Jeu malgré lui
Si l'univers de Metal Gear Solid est assez consistant pour tenir à lui
seul, l'intérêt de ce quatrième épisode, le gameplay n'est pas en reste.
Hormis les problèmes de maniabilité récurrents abordés plus haut, MGS 4 a de nombreux arguments à faire valoir. Notre héros possède pour
commencer une tonne de nouveaux gadgets qui lui seront d'une grande aide.
En plus du MK2 cité plus haut et de la multitude d'armes fournie par
Drebbin, Snake peut entre autres se servir du Solid Eye System. Outre les
fonctions jumelle et vision nocturne, celui-ci inscrit différentes
informations dans notre champ visuel lorsqu'il est équipé. Grâce à lui, on
peut distinguer plus facilement les objets déposés sur notre chemin,
voir la barre de vie d'un soldat et le camp auquel appartient ce dernier
(en bleu les alliés, en rouge les ennemis). En effet, se déroulant en plein
conflit, MGS 4 met aux prises différents partis qui pourront, selon nos
agissements, prêter main forte à Snake, ou pas.
Par exemple, la première scène du second
chapitre nous place à proximité d'un peloton d'exécution. En se
dépêchant, le joueur peut sauver la vie des prisonniers pour se les
mettre dans la poche. On regrette malheureusement l'absence
d'interactivité avec ces derniers qui après nous avoir remercier, se
contentent de foncer dans le tas en évitant de nous tirer dessus. Une
belle occasion de profiter d'une diversion certes, mais un concept qui
aurait pu aller plus loin. Idem pour la jauge de stress qui peut influer
sur la précision de notre visée et la restauration auto de notre barre
de vie. Elle baisse si le joueur déclenche trop d'alertes ou de façon
contextuelle dans certaines cinématiques (quand on refuse à Snake de
fumer par exemple) et se remplit à l'aide de ratios et autre plats
remontant par la même occasion notre barre de vie. Intéressante dans le
principe, elle s'avère très anecdotique puisqu'il est finalement rare de
la voir se vider au point d'en payer les conséquences. On aurait peut-être
préféré retrouver la notion de faim de MGS 3, qui a ici complètement
disparue.
L'aspect camouflage est lui toujours présent par le biais de l'Octocamo
permettant à notre héros de se fondre dans n'importe quel élément du décor ou
de prendre l'apparence faciale de personnages ennemis et autres
fantaisies plus ou moins appréciables. La tête des B&BCorps par exemple (sous certaines conditions) ou encore Snake et ses deux polygones façon
PSOne. L'utilisation de l'Octocamo est surtout grisante quand il permet de se
fondre incognito au milieu d'autres soldats ennemis.
Autre petit truc
stylé, Snake peut faire le mort, sur le dos ou sur le ventre,
avant de
pointer son arme par surprise sur le crédule venu vérifier la chose. Au
rayon feintes à deux balles néanmoins efficaces, la boite en carton est
dorénavant concurrencée par un baril permettant de rouler à
l'épreuve des balles et de déséquilibrer l'ennemi. Une technique dont il
ne faut pas abuser car Snake... gerbe au bout d'un moment.
Côté approche, ce quatrième épisode permet dans le deuxième chapitre de
prendre en considération l'environnement. Traces de pas, sons de la
nature et comportement des animaux sont autant d'indices qui peuvent
nous mettre sur la voie ou donner notre signalement à l'ennemi. Un
principe qui rappelle le magnifique duel de snipers dans Snake Eater. Une
excellente idée donc, même si ce Guns of the Patriots laisse plus que
jamais le choix au joueur de se la jouer "rentre dans le tas" ou
discret. Bien que les lances-roquettes de Drebbin peuvent nous convaincre d'opter pour la première solution, il est bien sûr plus intéressant de
s'infiltrer pour saisir un maximum de nuances. Car comme le veut la coutume, MGS 4 regorge de petits détails qu'il faut savoir espionner et qu'il est impossible de
voir en une seule partie. Toujours présent, le Codec offre ainsi
quelques dialogues secrets si on appelle certains contacts à des
moments précis. Face à de vieilles connaissances, les clins d'oeil aux
précédents opus sont légions et quelques-uns ne se déclenchent que dans
telle ou telle situation. Bref, celui qui veut tout voir, tout savoir, a
pas mal de boulot.
Le dernier point sur lequel il me semble important de rebondir est
l'introduction de la civilisation dans le troisième chapitre. Prenant
place dans une gare ferroviaire de l'Europe de l'Est, on aperçoit dans la cinématique des
civils avant de devoir prendre en filature des membres de la résistance
locale en pleine ville (déserte cette fois car sous contrôle militaire).
Un passage malheureusement trop court mais qui permet de porter un bref
regard sur l'univers MGS hors terrain de jeu.
Un constat qui résume sur bien des points ce Metal Gear Solid 4. Dôté d'une histoire et d'une mise en scène à
faire pâlir l'industrie hollywoodienne, Guns of the Patriots
propose un
gameplay plein de bonnes idées mais utilisées à doses
homéopathiques pour la plupart. En ajoutant à cela l'aspect repoussant
de la maniabilité lors du premier contact, il n'est pas interdit de
penser que les phases de jeu ont bénéficié d'un soin inférieur à celui
apporté aux cinématiques. Il n'empêche, la variété et le rythme sont au
rendez-vous et jamais la série Metal Gear ne nous avait fait autant voyager ni ne s'était montré aussi exotique. En bref une chose est sûr, Kojima nous a encore eu sur ce coup !
GAMELYMETRE
84%
REALISATION
|
17/20
|
Comme
à son habitude, Kojima n'a pas souhaité faire dans le tape à l'oeil
mais offrir des environnements cohérents. Ce ne sera pas le
plus beau jeu de la console mais le rendu global est des plus soignés
avec en plus, des décors plus variés que jamais, tous réussis.
De leur côté, le design et la beauté des personnages forcent le respect et placent la barre très haut.
Pour les ombres noires au tableau, certaines animations de Snake
"in-game" commencent à prendre un coup de vieux et la caméra est parfois
gênante.
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IMMERSION
|
20/20
|
Difficile
de faire plus accrocheur qu'une histoire ficelée dans les moindres
détails avec des personnages au background et au charisme sans
équivalent à ce jour. Ce MGS 4 est l'apothéose d'un récit qui aura
marqué le joueur à chaque épisode. Un bouquet final que les innombrables cinématiques ne font que magnifier et rendre inoubliable.
La bande son est aussi en tout point remarquable. Des musiques qui
mettent la chair de poule et un doublage de grande classe, qui ne
pouvait rester qu'en anglais pour conserver un tel degré de qualité.
Kojima, Gregson-Williams et Hayter = la note parfaite.
|
PROGRESSION
|
17/20
|
L'entrée
en matière est encore une fois laborieuse et c'est l'histoire qui nous
permet de nous accrocher le temps que la mayonnaise prenne. En fait,
seul le premier des cinq chapitres est discutable sur ce point. Les
suivants nous régalent en enchaînant variété, rythme soutenu,
trouvailles de gameplay et moments inoubliables. Au final, alors qu'on
était prêt à abandonner, on ne veut plus décrocher (on peut aussi être
pris au piège par une cinématique de trente minutes qui s'enclenche
alors qu'on souhaitait aller se coucher).
La difficulté est la plus basse jamais vue dans un MGS mais peut être
revue à la hausse dès le départ. Il y en a donc pour tout le monde.
La durée de vie est correcte même si on n'en passe que la moitié à
réellement jouer. Pour prolonger l'expérience, on s'en remettra au mode
online et à la furieuse envie de refaire le solo pour comprendre et voir
encore plus de choses.
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MANIABILITE
|
13/20
|
Pourquoi
ne pas avoir améliorer davantage la maniabilité. Certes le titre
conserve tous les ajouts des précédentes versions et on peut maintenant
se déplacer tout en visant à la première personne mais il y a trop de
défauts récurrents.
Objectivement, si ça n'empêche pas de s'amuser et de tomber sous le
charme, cette maniabilité d'un autre temps déçoit en comparaison avec la
qualité globale du jeu. Ce MGS 4 méritait mieux.
|
FUN
&
GAMEPLAY
|
17/20
|
Si
la notion de survie a été abandonnée (raison scénaristique évidente) au
profit d'une jauge de stress anecdotique (un peu moins en hard),
plusieurs éléments de gameplay renforcent un système de jeu qui a depuis
longtemps fait ses preuves, mais méritait quand même un coup de neuf.
Le plaisir de jeu est bien au rendez-vous même si l'histoire porte le joueur à elle seule.
|
Plus loin
Les conseils de Snake
Pendant les temps de chargement entre chaque chapitre, le jeu nous livre
quelques conseils pour l'aventure solo mais aussi pour la vie de tous
les jours. Outre le fait de nous rappeler que fumer est nocif pour la
santé (à l'écran Snake se grille une cigarette), il nous est conseillé
de nous dégourdir les jambes toutes les heures ou bien encore d'aller se
reposer quand il est plus d'une heure du matin. Sous certaines
conditions, il y a même une surprise aux alentours de 4h.
IPod
Dans son équipement de base,
Snake possède un IPod rempli de musiques des précédents volets. En
s'équipant de l'appareil, on peut ainsi jouer avec le thème de notre
choix. De nombreux morceaux sont aussi dissimulés dans chaque niveau.
Vieux Snake
Lorsqu'on utilise la position accroupie, Snake se plaint régulièrement de douleurs au bas du dos.
Metal Gear Online
(descriptif à venir)
(Screenshots éditeur)
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