Editeur : Konami
Développeur : MercurySteam Entertainement
Genre : Action / Plates-formes / Aventure
Joueur(s) : 1
Langage : Anglais (voix) / Français (textes)
Difficulté : Difficile (4 choix)
Durée de vie : Environ 20h (+ revisite)
Date de sortie : 7 Octobre 2010
Terminé par le testeur : Oui
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Quand Konami demande à Kojima de se pencher pour la première fois sur une des plus grandes légendes du jeu vidéo, on s'attend à découvrir quelque de chose d'énorme ! Pour le coup, on dirait même que le père de Metal Gear n'a pas le droit à l'erreur... ou presque.
El senor Kojima
Castlevania
et la 3D, ça n'a pas toujours était une histoire d'amour. Les premiers
essais sur 64 avaient leur charme mais étaient loin (très loin) du
degré d'excellence de leurs aînés 2D. C'est sur PS2 que la série a su
séduire et s'adapter fidèlement aux polygones, grâce à deux épisodes (Lament of Innocence et Curse of Darkness) passés malgré tout inaperçus du grand public. C'est donc dans l'optique de convenir au plus grand monde que Konami a joué le coup de l'annonce fracassante en précisant que Hideo Kojima (Metal Gear) chapoterait cet épisode.
Pourtant, dans un jeu où les apparences sont trompeuses du début à la fin (vous comprendrez en le terminant), ce Lords of Shadow
n'est pas vraiment le nouveau rejeton du génie japonais car ses origines sont davantage ibériques. C'est en effet en Espagne qu'est basé le studio
MercurySteam Entertainement (MSE) connu jusque là pour le flippant Clive Barker's Jericho. Pas une référence en la matière mais après tout, il se disait la même chose de RockSteady et de son Urban Chaos avant Batman Arkham Asylum.
Musiques orchestrales, percussions et basses à fond dans les enceintes,
la première scène manette en main laisse présager un jeu grand
spectacle. Il fait nuit, il pleut et une silhouette, la tête recouverte
d'une capuche, s'avance lentement dans le village. Les amateurs d'Assasssin's Creed croiraient reconnaître Altaïr ou Ezio, mais il s'agit de Gabriel Belmont.
Cheveux longs, visage dur et mal rasé, voilà d'emblée la touche Kojima
avec ce héros à qui on prêterait presque une certaine ressemblance avec Solid Snake et qui s'éloigne du design androgyne des précédents opus.
S'engage rapidement un duel contre un loup-garou féroce et imposant. Ce
passage a beau servir de premier tutorial visant à familiariser le
joueur avec les commandes de combat, il n'est pas impossible d'y perdre
une vie ou deux avant de prendre le dessus sur la bête. Surtout si,
dans l'optique de faire un max de succès rapidement, vous avez opté d'emblée
pour un niveau de difficulté élevé parmi les quatre proposés.
Ce Castlevania est en effet un sacré challenge en soi.
Même en Guerrier (équivalent du mode normal), il est courant de
recommencer plusieurs fois des niveaux qui sont, fort heureusement,
parsemés de nombreux checkpoint. Le titre de MSE joue en fait la carte de la progression sur plusieurs couches. Comprenez par là que les caractéristiques de Gabriel sont
si faibles au départ, qu'il faut vraiment être un as de la manette pour
espérer finir le jeu en Paladin ou Chevalier. Sa barre de vie et ses
barres de magie sont trop petites pour franchir les obstacles proposés, et la liste de coups et combos n'est pas suffisamment étoffée pour
se débarrasser des nombreux ennemis. Tout ça s'améliore en battant
certains boss ou en ramassant des reliques sur les dépouilles (souvent
bien cachées) d'anciens combattants morts sur le champ de bataille. Le
jeu nous laisse ensuite la liberté de revenir en arrière pour refaire
le niveau de notre choix dans une difficulté plus élevée. Il est aussi
possible de retourner dans un niveau afin d'atteindre un passage jusque
là inaccessible grâce à une nouvelle technique, surtout dans la
première partie du jeu.
Un mode de progression somme toute linéaire, qui s'éloigne des
gigantesques cartes auxquelles nous avait habitué la série. La
présentation est toutefois soignée avec un joli grimoire permettant de
visiter les douze chapitres librement. On regrette cependant qu'il n'y
ait jamais la possibilité de choisir son chemin parmi plusieurs
destinations et que seuls les tous premiers chapitres offrent un réel
intérêt à être revisités.
Vampire of Colossus
Déjà éloigné des habitudes de la série dans sa progression, Lords of Shadow se montre assez peu fidèle concernant les combats. Gabriel
se bat avec une croix (attachée à une chaîne) qui s'améliore au fil de
notre avancée mais qui ne change jamais vraiment dans son utilisation
en pleine bataille. On acquiert certes de nouveaux combos mais
l'approche reste la même. En action, cette croix ressemble à s'y
méprendre aux Lames du Chaos de Kratos. Les combats lorgnent ainsi du côté de God of War et de Devil May Cry
mais ils ont ce je ne sais quoi de moins fun. Il faut dire que les
ennemis sont si résistants qu'on passe parfois plusieurs minutes à se
débarrasser de simples gobelins. Le bestiaire aurait d'ailleurs pu être
plus riche et il met du temps à se renouveler entre deux chapitres.
L'originalité pourrait
venir des colossaux titans mesurant jusqu'à 50 fois la taille de notre
héros mais ces passages (au nombre de trois) sont tout simplement des
plagiats de Shadow of Colossus. Tout le monde a beau parler
d'hommage, de clin d'oeil ou encore du plaisir de retrouver ce gameplay
dans un autre jeu, j'ai en toute franchise, un peu de mal à mesurer la
légitimité de leur présence ici, surtout que le principe y est
exactement identique et n'offre rien qui puisse le raccrocher à l'univers Castlevania. C'est donc une reprise gratuite d'un concept ayant fait déjà ses preuves.
S'il était question de renouveler la série, il
aurait été judicieux d'améliorer les concepts existants de celles-ci ou d'apporter de nouvelles idées plutôt que d'aller
piocher un peu tout et n'importe quoi dans les meilleurs pots du voisin. Ainsi,
l'ambiance bucolique des premiers niveaux (somptueux) n'est pas sans
rappeler celle de Ico ou de Prince of Persia (2008). De par son utilisation et sa surbrillance contextuelle, la croix en guise de grappin rappelle l'outil de Lara Croft dans les derniers Tomb Raider. Ca n'est pas forcément pour déplaire, mais au regard de tous les jeux déjà cités dans ce test, cela fait beaucoup.
Alors oui, ce Castlevania
fait dans la démesure et se trouve être très grand spectacle. Il y a là
de quoi impressionner le voisin de passage devant notre écran mais
l'ensemble, bien que cohérent, manque d'identité. Il faut malgré tout
avouer qu'un joueur ne connaissant pas tous les titres précités verra
ce Lords of Shadow d'un autre oeil. Je doute cependant qu'il se
régalera devant les énigmes les plus fastidieuses du jeu (une bonne
moitié), imposant des allers-retours sans fin ou l'activation de
mécanismes ronflants comme cette tour de l'horloge au courant
électrique de multiples couleurs. A l'inverse, la partie d'échec n'est
pas mal quoique pas si originale que ça de nos jours.
Pour ceux qui me trouveraient un peu dur, je conçois que tout n'est pas à jeter dans ce Castlevania.
Certains passages, quelques énigmes et une poignée de combats valent
réellement le détour. Malgré les régulières baisses de frame-rate en
plein jeu, le travail de MSE n'est pas à remettre en cause avec notamment, une
direction artistique qui mérite le statut de chef-d'oeuvre.
Au
rayon bonnes idées, la possibilité de dompter certains ennemis pour
profiter de leurs aptitudes est un plus appréciable. La présentation
des énigmes sous forme de parchemin pouvant délivrer la réponse (mais
nous privant de la récompense prévue dans ce cas) en est un autre. Idem pour les
QTE, se présentant sous un nouveau jour et intervenant n'importe quand
histoire de nous garder sous pression. Enfin, si Gabriel n'a
pas d'équipement et de collection d'armes à gérer, la dualité de ses
pouvoirs magiques (lumière et ténèbre) est utilisée à bon escient, tout
comme l'acquisition des points d'expérience, qui permettent d'acheter
de nouveaux combos.
L'histoire, bien que reprenant, encore, la base de Shadow of Colossus, est plutôt maîtrisée. Décidé à redonner vie à sa bien-aimée assassinée dans d'étranges circonstances, Gabriel se veut plus tourmenté qu'aucun Belmont ne l'aura été avant (ou après) lui. Il traverse de terribles épreuves avant de se frotter à la terrible vérité.
Côté personnages secondaires et boss d'envergures, seul Zobek
s'en sort avec les honneurs car les autres sont sous-traités en dépit
d'un design souvent réussi et d'un background qui mériterait d'être
creusé pour la plupart. Précisons que Zobek est aussi le
narrateur de notre histoire puisqu'il nous sert avant chaque niveau,
une petite introduction qu'il a parfois tendance à surjouer. Au
passage, il est étonnant que pour un jeu aussi attendu, personne ne se
soit donner la peine de réaliser une traduction complète. On se
contente donc de voix anglaises plutôt réussies, même
si de bonnes voix françaises nous auraient sans doute aidé un peu plus
à accrocher cette romance dramatique.
Le plus paradoxal dans tout ça, c'est que la fin du jeu est tellement
réussie, qu'il est finalement difficile de ne pas conseiller l'expérience. Outre les multiples rebondissements précédant le combat
final, la séquence de fin dépasse tout ce qui a été fait dans le genre
depuis bien longtemps et vaut, à elle seule, le détour. Surprenante à
plus d'un titre, elle répond à certaines interrogations auxquelles le
joueur peut songer dans l'aventure et annonce avec brio la suite des
évènements. Celle-ci devrait être, on l'espère, contée dans les
contenus additionnels d'ores et déjà annoncés. On verra si à ce moment
là, MSE et, ah oui, Kojima, parviennent à se rapprocher davantage de l'essence de Castlevania.
Car en conclusion, c'est dans son rythme de progression (trop de temps
morts et de répétition dans l'action) et dans la direction peu
originale du game design que ce titre déçoit. D'un superviseur aussi expérimenté que monsieur Metal Gear,
on était en droit d'attendre plus qu'un pot pourri des meilleurs idées
du moment, même si le mélange garde un goût forcément appréciable.
GAMELYMETRE
78%
REALISATION
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17/20
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Les
premiers niveaux forcent le respect. Les décors sont magnifiques, les
caméras toujours bien placées, le character design classieux et la mise
en scène soignée. Dans la deuxième partie du jeu (et notamment en
intérieur) le jeu se montre moins impressionnant. On constate aussi, et
c'est surprenant, des baisses de frame-rate presque invisibles, mais
très régulières.
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IMMERSION
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16/20
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La
musique a un petit côté Lost qui colle bien aux premiers niveaux en
pleine nature. Ca manque toutefois de morceaux inoubliables à part,
peut-être, le thème du game over très énervant.
Tout en anglais, le doublage assure l'essentiel mais n'est pas non plus exceptionnel.
L'histoire est simple, vue et revue, mais bien ficelée, avec un tas de rebondissements et une fin des plus marquantes.
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PROGRESSION
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15/20
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Côté
difficulté, le principe de revenir en arrière une fois plus fort
rappelle, dans un autre genre, Dead Rising. Il semble impossible de
s'attaquer au jeu dans un mode de difficulté élevée. Le problème est
que hormis quelques niveaux et la variété de quelques situations, la
progression se veut parsemée de temps morts et de passages ennuyeux
qu'on ne souhaite pas forcément refaire. Le principe de rejouabilité perd
du coup son intérêt.
Voilà sans doute un titre qui aurait gagné à voir sa durée de vie (20 heures environ) raccourcie pour un rythme plus soutenu.
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MANIABILITE
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17/20
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La
plupart des commandes sont bien pensées et on enchaîne combos et
cabrioles avec virtuosité. Certaines caméras sont toutefois très mal
placées. Les QTE sont un peu déroutants au départ mais ils apportent un peu de fraicheur au concept.
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FUN
&
GAMEPLAY
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13/20
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Ayant
l'impression presque continue de parcourir un jeu déjà fait par le
passé avec un nouveau personnage, je me suis plus ennuyé qu'amusé sur
ce Castlevania qui n'en est finalement pas un. Qu'on ne me parle pas de
nouvelle direction prise par la série, celle-ci ne fait ici qu'emprunter un chemin
qui n'est pas le sien. Pour évoluer, Castlevania peut certainement rester
Castlevania.
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(Screenshots éditeur)
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