Editeur : 2K Games
Développeur : 2K Boston
Genre : FPS / Aventure
Difficulté : Moyenne
Joueur(s) : 1
Langage : Français (textes et voix)
Date de sortie : Août 2007
Terminé par le testeur : Oui
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Amis fans de FPS vous commenciez à croire que vous ne seriez plus jamais surpris par le genre ? Alors préparez-vous à recevoir une claque en plongeant dans Rapture.
Entrez dans Rapture je vous prie
Les FPS sont un peu comme ces oeufs
moitié lait, moitié chocolat contenant un jouet inutile. On sait que la
recette n'a pas changé depuis des siècles et c'est justement pour ça
qu'on les achète. Bien sûr, l'emballage ajoute quelques couleurs ici et
là selon la saison et la surprise qu'on y trouve varie en fonction de ce
qui est à la mode. Il n'empêche qu'au final, c'est le goût historique
du produit qui fait qu'on peut le mettre dans la bouche sans jamais être
surpris. C'est ce qu'on appelle : une valeur sûre.
Ainsi, quand on investit dans un FPS, on s'interroge seulement sur le
bouton qui sert à recharger et celui qui nous fait passer d'une arme à
une autre. Pour le reste, on sait par avance que le stick gauche se
charge des déplacements, la gâchette droite du tir principal et la
gauche des grenades voire du tir secondaire. Quelques nuances sont
parfois apportées par des titres comme Fear, The Darkness et Half Life 2
qui nous imposent des pouvoirs spéciaux ou un accessoire ingénieux.
Reste que dans le fond, la recette originale ne subit pas de grand
changement pour ne pas perdre ses fidèles. Car si les FPS séduisent autant de joueurs, c'est notamment parce qu'ils ne prennent pas la tête. Sur ce point rassurez-vous, Bioshock
ne joue pas les traîtres et conserve une approche relativement basique.
La maniabilité est régie aux codes historiques énumérés plus haut (bien
que le saut se trouve sur le bouton Y) et il est inutile de passer par
un quelconque tutorial pour se sentir à l'aise dès nos premiers pas. En
revanche, pour saisir toutes les nuances du gameplay, il faudra creuser
un peu plus. La différence avec les célèbres oeufs cités plus haut étant
que tout ce que l'on trouve à l'intérieur de Bioshock a une réelle utilité.
Le point de départ de l'histoire est quant à lui surprenant. Tranquillement installé sur son siège, Jack
(le personnage incarné) vit sous nos yeux un crash d'avion en pleine
mer. Unique survivant dans une eau cernée par les flammes, il se réfugie
dans ce qui semble être un phare avant d'emprunter une bathysphère qui
l'emmène dans les profondeurs abyssales. Là, il découvre une cité bâtie
par l'homme nous faisant penser dans un premier temps à une Atlantide
moderne. Construite à l'époque de la seconde Guerre Mondiale, Rapture (c'est son nom) n'a pourtant rien de sacré ou de mythique et résulte surtout de la mégalomanie de son concepteur Andrew Ryan, dont la statue prône à l'entrée. Parce que l'histoire de ce lieu s'apprend en jouant, je vous dirai simplement que Jack est pris en main dès son arrivée par un certain Atlas qui lui parle par radio et semble l'observer. D'une voix rassurante, il guide nos premiers pas et nous met en garde contre les chrosômes,
êtres dégénérés qui peuplent cette cité abandonnée. Anciens habitants
de Rapture à une époque où cette dernière croyait encore en ses
ambitions, ils semblent avoir totalement perdu la boule et arborent un
style vestimentaire digne des meilleurs survival horror. Habillés en
médecin, les yeux exorbités et des cicatrices tous le corps, ils
ressemblent à des cobayes humains ayant survécu à d'atroces expériences.
Pas le temps d'avoir de la compassion, ces derniers nous attaquent dès
qu'ils nous aperçoivent avec une haine rappelant celle exprimée dans Condemned.
Comme toute race ennemie de jeux vidéo qui se respecte, les chrosômes se divisent en plusieurs catégories. On retrouve ainsi le chrosôme brute qui attaque exclusivement en combat rapproché avec ce qui lui tombe sous la main (clé anglaise, crochet...) ; le chrosôme armé qui utilise des armes à feu ; le chrosôme Houdini (très chiant) qui comme son nom l'indique utilise la magie pour disparaître et réapparaître à sa guise ; le chrosôme explosif qui se laisse volontiers prendre en chasse en semant des cocktails Molotov sur son chemin et enfin le chrosôme plafonnier qui se déplace essentiellement sur le plafond et nous fait sursauter quelques fois (leurs déplacements rappellent ceux des Lickers de Resident EVil 2).
La peur est d'ailleurs une des caractéristiques principales de
l'ambiance de Rapture et les développeurs nous ont réservé quelques
jolis sursauts de minuit. Dans ces quartiers abandonnés où de multiples
cadavres mutilés jonchent le sol, il n'est pas rare d'en voir un se
relever brusquement en nous criant des insanités. On peut d'ailleurs
souligner au passage la qualité générale des doublages, bénéficiant de
voix françaises très connues comme celle de Marc Alfos, déjà présent
dans de nombreux jeux, et doublant notamment le personnage Brad Bellick
(joué par Wade Williams) dans la série Prison Break.
Les vilains chrosômes ne représentent pas l'unique danger de
Rapture. L'endroit est en effet truffé de systèmes de sécurité
programmés pour tirer sur tout ce qui est répertorié comme intrus,
autrement dit, le joueur. Tourelles mitrailleuses ou lances missiles,
caméra de surveillance appelant en renforts des "robots-coptères"
surarmés, autant d'appareils qu'il faut éviter sous peine de voir notre
barre de vie fondre en un instant. Pour contourner chacune de ces
machines, plusieurs options s'offrent à nous. La première technique,
dite "à la Rambo", consiste à tirer dessus jusqu'à les faire exploser
mais on s'expose alors à des dommages collatéraux. Plus raffinée, la
seconde consiste à s'approcher discrètement du dispositif pour le
pirater. Se faisant, un cadre de 6 cases sur 6 apparaît avec tout un tas
de tuyaux disposés dans tous les sens. Cela s'apparente à un puzzle
avec à chaque fois une entrée et une sortie aux extrémités. Une
substance liquide bleutée faisant son apparition au bout de quelques
secondes, il faut se dépêcher de créer un itinéraire sans embûche ni cul
de sac pour que celle-ci parvienne jusqu'à la sortie. Si l'exercice est
raté, une petite décharge endommage légèrement notre barre de vie avant
que la machine ne reprenne ses "esprits" et nous canarde. En revanche
en cas de réussite, il devient possible de désactiver l'engin ou de
le reconfigurer de façon à ce qu'il tire sur nos ennemis. Il va de soi
que plus on avance dans l'aventure, plus il est difficile de
reconstituer le puzzle dans le temps imparti.
Quoi qu'il en soit, ce concept de piratage s'applique aussi aux nombreux
automates installés dans Rapture. Distributeurs de trousses de soin,
munitions et autres articles utiles à notre progression verront ainsi
leurs prix de vente baisser en cas de piratage.
Qui dit prix dit argent et c'est pourquoi il est très important de
s'adonner à une fouille approfondie de chaque lieu visité. Bureaux,
vestiaires, coffres-forts (piratables) et cadavres d'ennemis peuvent
ainsi nous fournir de précieux dollars ou encore des éléments permettant
de jouer à Mac Gyver. Avec un bout de ficelle, deux clous et une
douille, Jack est capable de créer des balles de fusil à pompe ou
des grenades à fragmentation. Bon d'accord, il ne peut pas faire ça
lui-même et doit passer par un appareil appelé U-Invent mais il est bon de noter que tout ce qui se ramasse dans Bioshock
peut servir. C'est le cas des cafés, chips, biscuits, alcool et
cigarettes qui sont automatiquement consommés si on appuie sur le bouton
action et ont diverses répercutions sur notre santé.
On trouve aussi des améliorations génétiques et autres fortifiants qui
permettent, comme dans un RPG, d'acquérir des capacités spéciales. Expert en piratage (qui ralenti la circulation du liquide), Armure corporelle (qui réduit les dommages reçus) ou encore Mediprexis
(qui décuple les bienfaits des aliments ingurgités) sont quelques unes
des aptitudes rencontrées. Divisées en trois catégories (physique,
manufacture et combat), on ne peut en cumuler plus de six en même temps,
sachant que chaque emplacement de fortifiant doit être acheté au
préalable dans les Gene-Bank.
Enfin, dernière caractéristique propre à notre personnage, l'utilisation des plasmides.
Procédé inventé par les chercheurs de Rapture, les plasmides procurent à
notre bras gauche des propriétés impressionnantes. Régis aux mêmes
règles que les fortifiants, leur nombre emporté est limité à six. Ils
s'acquièrent en battant certains boss ou comme on le verra plus bas, s'achètent
dans les Jardins des Glaneuses. Maîtriser le feu, la glace, et
l'électricité devient alors à notre portée mais d'autres capacités nous
permettent de manipuler les objets à distance ou de créer des doubles
de notre personne pour créer une diversion. S'utilisant avec la gâchette
gauche, l'utilisation de plasmides n'est pas illimitée et demande l'injection régulière dans le corps de Jack d'un produit nommé Eve.
En règle générale, quand le nom Eve est employé quelque part, Adam n'est jamais très loin. Si l'Eve peut être qualifié de carburant nécessaire pour utiliser les plasmides, l'Adam
est un agent mutagène qui booste le corps humain. Matière aussi rare
que précieuse ici bas, ce dernier permet d'acheter de nouveaux pouvoirs
ou d'allonger nos jauges de vie et d'Eve. Pour cela, on le dépense dans des machines appelées Jardins des Glaneuses.
Plus rares que les simples distributeurs, elles sont présentes au moins
une fois dans chacun des sept niveaux gigantesques du jeu. Néanmoins,
avant de dépenser de l'Adam, il faut en acquérir, et celui-ci ne
se trouve pas aussi facilement que les dollars et autres munitions.
C'est là que l'élément le plus marquant de Bioshock prend toute son importance.
Tous
ceux qui suivent de près ou de loin l'actualité vidéoludique n'ont pu
passer à côté de ce personnage imposant vêtu d'un scaphandres, affiché
chaque fois que le titre est cité quelque part. Sous cette armure, se
cachent d'anciens êtres humains totalement lobotomisés par les plus vils
dirigeants de Rapture. Surnommés les Protecteurs, leur esprit est réglé pour remplir une seul et unique mission : protéger les Petites Soeurs. Ces dernières, elles aussi en proie à une manipulation qui les prive de leur liberté, passent leur journée à collecter de l'Adam
sur les cadavres éparpillés dans la cité sous-marine. C'est donc par
leur intermédiaire que l'on pourra s'en procurer mais il faudra pour
cela se confronter à un choix moral, après avoir mis son courage à rude
épreuve. En effet, là où il y a une fillette, il y a un Protecteur. Contrairement aux chrosômes,
ces deux là vaquent à leurs occupations sans se soucier de notre
présence. A leur approche, le sol tremble sous les pas lourds du
scaphandre et la fillette ne cesse de blablater avec celui qu'elle
appelle affectueusement "Monsieur P". On peut donc passer à côté sans
animosité et tout se passera bien. En revanche, si l'on pointe avec
insistance notre arme dans la direction de la petite fille, celle-ci ne
tarde pas à prévenir son garde du corps qu'un méchant lui veut du mal.
La moindre pression sur la gâchette aura alors pour conséquence
immédiate de transformer ce brave "Monsieur P" en machine à tuer. Autant
dire que devant la puissance du bonhomme et sa férocité, il est
préférable d'être blindé de trousses de soin pour éviter de finir en
charpie.
Toujours est-il qu'en sortant victorieux du combat, on a le choix entre "Sauver" la petite fille pour récupérer 80 points d'Adam
ou la "Tuer" afin d'en collecter 160. Un choix loin d'être anodin
puisqu'il détermine à terme, la fin du jeu. Sachez en tous cas que
sauver les Petites Soeurs n'est pas forcément le plus mauvais calcul puisque pour nous récompenser de notre générosité, le Docteur Tennenbaum que l'on qualifiera de leur mère adoptive, nous remettra un bonus de 200 points d'Adam lorsque toutes les fillettes d'un niveau auront été délivrées. Bref,
en lisant ce test, vous êtes sans doute perdu à
l'énumération des possibilités incroyables de ce jeu qui est bien plus
qu'un FPS. Estimez-vous heureux que je ne vous parle de ce que l'on peut
faire avec l'appareil photo obtenu au début de la partie ou encore les
précisions scénaristiques apportées par la centaine de journaux intimes
éparpillés dans Rapture. En parlant de scénario, vous vous doutez que 2K Boston (anciennement Irrational Games)
n'a pas créé un gameplay aussi évolué pour bâcler l'histoire de son
jeu. Basée sur la folie d'une poignée d'illuminés cherchant à créer un
monde meilleur, il fait intervenir des personnages plus tourmentés les
uns que les autres et comporte un bien joli rebondissement dans la
seconde moitié de l'histoire. A la fois lugubre et décalé, Rapture offre
quant à elle un univers cohérent où s'opposent avec brio les couloirs
sombres aux lumières vives des enseignes commerciales. Tirant pleinement
parti du potentiel de la Xbox 360, Bioshock régale nos rétines
chaque fois que l'eau est présente à l'écran (son effet est saisissant)
ou que Jack utilise son bras gauche à des fins lumineusement musclées.
Assurément complexe dans son approche mais pas rebutant pour autant, le
titre de 2K Games s'impose comme une nouvelle référence et
devrait être le point de départ d'une série à rallonge si le succès est
au rendez-vous. Je ne saurai donc que trop vous conseiller d'investir
dans Bioshock... "je vous prie".
GAMELYMETRE
89%
REALISATION
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18/20
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Sans
être aussi impressionnant que Gears of War, Bioshock s'impose comme
l'un des jeux les plus appliqués de la machine avec une belle maîtrise
de l'Unreal Engine 3 et du moteur Havok. A part les effets de l'eau et
des pouvoirs, la réalisation n'en rajoute pas pour amuser la galerie
mais se contente de rendre une copie sans faute à l'exception de
quelques rares baisses de frame rate. Beau travail sur l'intelligence
artificielle également.
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IMMERSION
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18/20
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Un
univers cohérent que l'absence de musique ne trouble à aucun moment
tellement bruitages et jingles environnants sont présents. Un doublage
de qualité cinématographique, des personnages aussi travaillés que
dérangés et une histoire parfaitement narrée nous déconnectent (non sans
effroi) de la réalité. Un conseil, jouez le plus tard possible, seul,
avec le casque.
Enfin si le scénario est très travaillé, il faut avouer que saisir
toutes ses nuances n'est pas chose aisée devant un background si riche
où la narration se fait parfois dans le feu de l'action.
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PROGRESSION
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18/20
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Plus
long que la plupart des autres titres du genre (plus d'une vingtaine
d'heures si vous fouillez tout), Bioshock propose en plus un parfait
dosage de l'action où le retour aléatoire des chrosomes nous force à
rester constamment sur nos gardes. La difficulté propose quant à elle un
challenge obligeant le joueur à s'impliquer dans la gestion de son
personnage et dispose, le cas échéant, d'un mode difficile très corsé.
Résultant d'un parti pris des auteurs, il n'y a aucun mode multijoueur.
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MANIABILITE
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16/20
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Jack
répond au doigt et à l'oeil mais il faut un sacré temps d'adaptation
pour tout assimiler. Passer d'une arme à l'autre n'est pas non plus
toujours très instinctif mais heureusement, l'action est suspendue quand
on ouvre le menu de notre arsenal. Tant pis pour le rythme d'action en revanche...
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FUN
&
GAMEPLAY
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19/20
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S'il n'était qu'un simple FPS, Bioshock serait déjà un titre intéressant à
jouer grâce à son ambiance et son histoire. Agrémenté de tous les
éléments cités dans ce test, il prend une dimension qui le rend presque
difficile à classer. Même si certains n'auront pas le courage de saisir
toutes ses nuances, le gameplay est d'une profondeur incroyable.
Beaucoup se sont amusés à le dire mais il semble que ce soit une vérité :
il y aura maintenant un avant et un après Bioshock.
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(Screenshots éditeur)
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