Editeur : Capcom
Développeur : Capcom Production Studio 4
Genre : Survival-horror / Action
Difficulté : Moyenne
Joueur(s) : 1
Langage : Français (textes) Anglais (voix)
Date de sortie : Juin 2003
Terminé : Oui en Mars 2005
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Dernier titre du pacte conclu entre Capcom et Nintendo visant l'exclusivité temporaire de la série sur Game Cube, Resident Evil 4 représente un véritable tournant pour la saga.
Lihoooooooooooonnnne !!!!
Après le superbe remake du premier opus et un épisode Zero
satisfaisant, Capcom se devait de placer la barre très haut pour
faire oublier les portages (trop) faciles de Resident Evil 2 et Nemesis
sur la 128 bits de Nintendo. Pour se faire, des changements importants
s'imposaient. Exit donc le pré-calculé et bonjour la 3D temps réel. Révolu le
temps des caméras fixes, on voit maintenant l'action par dessus
l'épaule du héros à la troisième personne. Un pari osé mais réussi grâce à une Game Cube qui prouve une fois de plus l'étendue de ses capacités. Alliée à un esthétisme parfaitement maîtrisé, les graphismes de Resident Evil 4 mettent une nouvelle claque visuelle avec un rendu aussi impressionant que Rebirth et Zero si ce n'est que tout est en trois dimensions. La maniabilité gagne aussi en souplesse et la rigidité légendaire des Bio Hazard n'est plus qu'un souvenir (j'ai du mal à employer le terme "mauvais" quand je parle de cette saga).
Devant un tel
chambardement, le développeur japonais se devait au moins de rassurer les fans
avec une tête connue. Pour cela, les scénaristes ont rappelé Leon
Scott Kennedy, l'un des deux personnages jouables du second volet.
Après avoir survécu aux évènements tragiques de Raccoon City, Leon a
quitté la police et travaille maintenant pour le Président américain.
Il est envoyé au fin fond de l'Espagne pour retrouver la fille de
l'homme politique le plus important du monde, enlevée par une
mystérieuse organisation. A peine arrivé à destination (il est déposé
par deux types qui refusent de faire un pas de plus), l'ancien
partenaire de Claire Redfield se retrouve assaillit par une horde de
villageois vraisemblablement hostiles à son enquête. Le joueur vit donc
une entrée en matière plutôt agitée, loin du rythme progressif habituel
de la saga. Vous trembliez déjà quand deux zombies se dirigeaient vers
vous ? Imaginez ce que vous allez ressentir maintenant que l'ennemi
attaque en meute, qu'il courre et qu'il sait s'organiser. Et oui, fini le coup des morts-vivants qui traînent la patte pour nous laisser le temps de
recharger dans des lieux exigus. Dès que l'un d'eux nous voit, il donne l'alerte dans sa
langue maternelle avant de se ruer sur nous pour nous planter son
râteau dans le bide.
Plus sanglant que jamais, RE4 n'a pas volé sa classification +18 et fait gicler membres et sang sur notre écran à chaque impact. Ravagés mais pas stupides, nos
adversaires peuvent maintenant changer de direction
soudainement pour gêner notre visée (les dégât sont localisés). Si on peut utiliser contre eux divers éléments de décors inflammables, ils n'hésitent pas à défoncer les
portes ou dresser des échelles pour atteindre notre position. A moins
d'exterminer tout le monde, on ne sera donc jamais tranquille. Au
mieux, le clocher de l'église se fera notre sauveur puisque lorsqu'il
retentit, tout ce petit monde disparaît dans un silence presque aussi
glaçant que leurs cris hargneux. Il est clair que Léon ne comprend pas
tout de suite ce qu'il se passe dans ce coin paumé. Pas plus que nous d'ailleurs. Si le scénario diffère un peu de ce à quoi on pouvait s'attendre, c'est surtout au niveau gameplay que ce
quatrième épisode est un véritable tournant pour la saga. Il faut
s'attendre à être surpris, à commencer par le terrain de jeu proposé. Très ouvert, il tranche
radicalement avec les couloirs fermés arpentés dans les précédents
manoirs ou quartiers de Racoon. La progression se veut linéaire et les intérieurs visités n'évitent pas les allers-retours mais les sensations
sont nouvelles. Les décors profitent ainsi de leur modélisation en 3D
pour devenir plus interactifs. A l'aide de QTE, Leon traverse
les vitres, explose une porte ou achève l'ennemi d'une reprise de
volée. L'action est clairement le moteur de ce nouvel épisode et les
passages d'anthologie s'enchaînent sans répit (El
Gigante, le monstre du lac, notre ami le pilote d'hélico...).
Pour ceux qui se sentent déjà trahis, il faut savoir que la peur est
bien sûr toujours présente mais qu'elle se traduit à présent davantage
par un sentiment d'oppression que par l'effet de surprise. Plus
énergique, parfois même bourrin, Resident Evil 4 n'oublie pas
ses premiers amours. Quelques énigmes nous obligent à ranger notre
fusil à pompe l'espace d'une respiration entre deux passages. La
gestion de l'inventaire demande toujours une certaine minutie dans
l'utilisation des objets et est régie à de nouvelles règles. Toujours à
la recherche d'un système qui soit à la fois pratique pour le joueur et
cohérent pour le scénario, Capcom a doté Leon d'une petite mallette.
Elle contient un nombre prédéfini de cases à remplir en fonction de la
taille des objets. Il faut donc garder à l'esprit que placer un
lance-roquette dans ses affaires risque de diminuer le nombre de sprays
revitalisants et d'herbes curatives emportés. A terme, on pourra en
acheter une un peu plus grande en même temps qu'on améliorera notre
arme de prédilection. Oui, vous avez bien lu : "marchand" et
"amélioration". Un petit côté RPG apporté par ce commerçant et sa
longue veste recelant d'objets fortement conseillés pour finir
l'aventure. Pas franchement cohérent (on se croirait dans Castlevania
pour le coup) mais très pratique, ce monsieur nous accueille d'un "What
are you buyin' ?" d'ores et déjà culte auprès de tous les gamers. Qui
dit marchand dit argent et il faut donc le croiser en ayant les poches
bien remplies de pesetas. Pour se faire, il faudra se prêter à une
fouille sérieuse des niveaux afin de dénicher coffres à trésors et autres
lingots revendables à des prix intéressants. Le hic sera ensuite
de décider d'améliorer une arme qui est déjà à un stade bien avancé ou
d'investir nos économies dans une nouvelle. Quoi qu'il en soit
rassurez-vous, le vendeur peut aussi vous demander "What are you sellin
' ?".
Dépaysant tout ça non ? Et bien ça n'est pas fini. A l'instar de
Resident Evil 3 Nemesis, ce quatrième épisode n'a qu'un véritable
personnage principal. Des seconds rôles judicieusement choisis comme
Luis -Aragorn- Sera et Ada Wong -le retour- sauront offrir quelques respirations et bonus mais c'est Ashley Graham, alias la fille
du président, qui influe le plus sur le gameplay. Une fois retrouvée,
celle-ci nous accompagne et nous permet dans quelques rares moments définis, de la contrôler (généralement quand Leon est bloqué
quelque part). Le reste du temps, elle fait office de boulet national. Gérée par l'IA, elle se fait enlever dès que l'on a le dos tourné et s'égosille sur le prénom de son sauveur. Son "Leeeeoooooooooonnnnnnnn" vous gonflera plus d'une fois et comme moi, vous sacrifierez sans doute un petit temps de chargement pour la prendre à bout portant avec le pompe au moins une fois. Un peu comme dans l'épisode Zero, il faut donc garder un oeil sur un second personnage en plus sa propre barre de vie.
A part ça et quelques autres détails scénaristiques, ce quatrième épisode s'éloigne réelement de ses prédécesseurs. Il semble clair que Capcom ne voulait pas voir sa série fétiche descendre dans l'estime des joueurs à cause d'une formule déjà bien rentabilisée depuis 1996. L'éditeur japonais a cependant pris un sacré risque en changeant autant de paramètres car si le résultat dépasse largement nos attentes, il y aura certainement des joueurs déçus de voir la série prendre un tel virage. Avec autant de qualités, il faut pourtant être relativement difficile pour refuser à un tel jeu son statut de hit en puissance.
GAMELYMETRE
90%
REALISATION
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19/20
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Encore une fois impressionante, la Game Cube fournit une copie qu'on ne la pensait pas capable de réaliser. Personnages et décors imposants, animations coulée, IA développée des ennemis et effets fantastiques (brouillard, brume, jeux de lumière...) En un mot comme en cent : Bravo !.
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IMMERSION
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17/20
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On a souvent l'impression d'être un gibier dans la cour des villageois contaminés par "Las Plagas". Un sentiment d'oppression qui confère une peur différente des sursauts propres à la série mais qui procure autant d'émotions, voire plus sur le long terme. Si l'environnement sonore s'avère de grande qualité et que l'ambiance générale captive, on a l'étrange impression de ne pas être au coeur d'un Resident Evil. Une histoire un peu abracadabrantesque et de petites incohérences nous faisant parfois sortir du truc.
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PROGRESSION
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18/20
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Sur ce point, Capcom a tout amélioré. Plus long (comptez une quinzaine d'heures), mieux rythmé (moins d'allers-retours) et regorgeant de passages marquants grâce à une action hyper soutenue et une difficulté parfaitement dosée dans l'ensemble.
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MANIABILITE
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18/20
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Ca s'est amélioré sur ce point aussi grâce à la nouvelle vue par dessus l'épaule droite de Leon qui offre tout simplement le confort d'un (très bon) jeu à la troisième personne. Même la navigation des menus a été repensé et plus besoin de passer par eux pour voir notre barre de vie.
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FUN
&
GAMEPLAY
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18/20
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De Resident Evil, ce quatrième épisode n'a gardé que le nom, l'histoire et les personnages. J'exagère un peu mais il faut s'attendre à voir ses habitudes bouleversées. Je pense néanmoins que quand c'est pour la bonne cause, il n'y a qu'à en profiter. Un peu plus d'énigmes à la place de certaines boucheries bien bourrines auraient donné un goût de perfection à l'ensemble.
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(Screenshots éditeur)
Plus loin :
Sorti d'abord sur Game Cube, Resident Evil 4 a ensuite vu le jour sur d'autres supports car son exclusivité n'était que temporaire. Surprenante, la version PS2 parvient à offrir un rendu de qualité équivalente. Il manque certes de nombreux détails mais vu la différence de puissance existant entre les deux machines, on n'aurait jamais cru la console de Sony capable de convertir de la sorte un jeu pensé pour celle de Nintendo. Mieux encore, elle comporte des costumes bonus et surtout le mode Separate Ways qui offre cinq chapitres supplémentaires aidant à mieux cerner le comportement d'Ada Wong. Cette dernière ne possède qu'un court chapitre additionnel sur Game Cube (Ada achievements) débloqué en terminant le jeu.
A noter que la version Wii (combinant Wiimote et Nunchuk) corrige ce détail fâcheux pour les Nintendomaniaques.
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