Editeur : Square Enix
Développeur : Level-5
Genre : RPG
Difficulté : Moyenne
Joueurs : 1
Langage : Français (textes) / Anglais (voix)
Date de sortie : Avril 2006
Terminé : Oui en Avril 2007
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Malgré l'essor des RPG en France survenu après Final Fantasy VII, Dragon Quest n'était encore jamais parvenu sur le territoire européen. C'est maintenant chose faite avec un huitième épisode qui marque une avancée significative pour la série.
Classique mais pas trop
A l'heure où l'ensemble des éditeurs se creuse la tête à
chercher des concepts originaux pour donner un second souffle à leurs
franchises. Où à chaque épisode, Final
Fantasy n'en finit pas d'être toujours plus différent dans son approche et que Nintendo repense la façon de jouer, Dragon Quest passe... à la pleine 3D. Pour le reste, Draque (appellation familière de la série au Japon) garde sa formule habituelle en ajoutant une petite pincée de nouveauté dans chaque domaine. Les habitués de jeux de rôles trouveront donc
leurs marques très rapidement dans les différents menus et combats comme on le verra plus bas.
Personne ne devrait non plus être déstabilisé par le scénario. Dans la peau d'un jeune garçon aux airs de San Gohan adolescent, on est à la recherche de celui qui a transformé notre Roi, Trode, en espèce de vieux Namec fripé. Bien sûr, ceci n'est que la partie visible de l'iceberg qui consiste en réalité à sauver le monde. Trop classique l'histoire ? Peut être. Mais il faut souligner sa consistance. Longue, contenant de multiples rebondissements et faisant intervenir de très nombreux protagonistes, elle alterne avec brio humour et dramatique. Le charisme des personnages nous accompagnant n'est pas en reste. Mystérieux au départ, ces derniers dévoilent peu à peu les raisons qui les
ont conduit dans ce périple.
Le casting se veut varié avec la brute au cœur
tendre incarnée par Yangus, la belle
au caractère bien trempée qu'est Jessica
et le beau gosse au passé mystérieux prénommé Angelo (dont les parents pourraient être Vegeta et Bulma si vous voyez ce que je veux dire ...). Avec
un roi Trode plutôt marrant dans son
genre et des PNJ qui apportent tous quelque chose, on se rend compte que
c'est finalement le héros le moins charismatique dans tout ça. Malgré son look
travaillé, il fait partie de ces premiers rôles de RPG ne prenant jamais la
parole. Un concept usant quand on voit le charisme que
l'expression apporte aux héros de Final
Fantasy. Dans le même genre, le méchant, certes
impitoyable, n'est pas toujours impressionnant (vous comprendrez en jouant) et il lui manque un background plus profond pour pouvoir jouer dans la cour de ceux qu'on adore détester. Mais dans un univers aussi coloré, designé par maître Akira Toriyama, il ne faudra pas longtemps pour être complètement accroc au jeu, malgré quelques fausses notes. C'est une des forces de cette série qui parvient toujours à nous scotcher devant l'écran, quelles que soient ses lacunes.
A ce petit jeu, Dragon Quest VII s'était à l'époque brillamment illustré. Malgré son pouvoir d'attraction irrésistible, il lui avait été reproché un trop grand retard sur le plan de la réalisation (le jeu avait mis des années à voir le jour sur PSOne) à une époque où les différents FF en avaient déjà mis plein la vue à tout le monde. C'est en tous cas un reproche qu'on ne pourra pas faire à ce huitième épisode. Confié à Level 5 déjà responsable de Dark Chronicle, la réalisation de « L'odyssée du Roi Maudit » se présente entièrement en cel-shading. Une technique qui s'allie parfaitement au coup de crayon du designer et qui laisse pantois devant sa télé quand les rayons d'un coucher de soleil traversent les
collines verdoyantes du jeu. Le cycle jour/nuit étant pris en compte, on est émerveillé plus d'une fois par ce spectacle qui s'accompagne de mélodies
de qualités.
De ce côté-là non plus, on n'a pas touché à l'effectif. Koichi Yokohama, fidèle
au poste depuis le premier opus, nous sert un répertoire varié qui parvient à
nous plonger dans une ambiance old-school des plus agréables. Les
habitués de la série retrouveront bien sûr avec plaisir les thèmes récurrents du
jeu. L'ambiance sonore s'offre au passage une nouveauté de taille avec l'arrivée du doublage pour les personnages les plus importants (sauf ce muet de héros). Tout en anglais dans notre version aux textes en français, il s'avère réussi et dépeint de façon juste le caractère des différents protagonistes. Un détail appréciable qui ne figurait pas dans la version japonaise du titre.
Revenons maintenant aux côtés classiques de ce Dragon Quest, huitième du nom. Commençons par le bestiaire qui ressemble à s'y méprendre à une grande réunion de famille comme à chaque nouvel opus. Du Slim au Gluant en passant par la Chauve-souris et le Cyclope, on retrouve tous ceux qui symbolisent la série depuis une vingtaine d'année. Leurs différentes évolutions et aptitudes restent les mêmes puisque les Gluants de Métal rapportent par exemple toujours autant de points d'expérience mais restent très pressés de fuir. Pas gênant pour un sou, cette récurrence ne fait que rendre plus familière la relation avec le jeu. Elle s'accompagne de la classique collecte de monstres qu'il faut capturer aux quatre coins de la carte pour les utiliser dans une arène dédiée aux tournois, géré par un cousin éloigné d'Hercule de DBZ. (quête secondaire).
Concernant les combats, apparaissant de façon aléatoire et gardant une fréquence élevée, il s'agit de frapper, défendre, utiliser de la magie, un objet ou de fuir. La formule de base du RPG me direz-vous mais il ne faut pas omettre l'arrivée des techniques spéciales. En effet, on peut à présent charger la tension de nos personnages pour déclencher d'énormes coups dévastateurs. Cette fonction demandant un tour à chaque fois, il faudra être patient pour atteindre la tension limite d'un combattant et le voir se transformer en une sorte de Super
Saiyan. Classieux et efficace, comme la nouvelle mise en scène des combats qui met fin à l'éternelle représentation fixe des ennemis "slashés" par une main invisible. La caméra dynamique suit l'action, fait apparaître armes et armures équipées, et ne lésine pas sur les effets lors des magies. Le souci étant que devant le nombre important de batailles à livrer, les temps de chargement occasionnés à chaque mise en place d'un combat ne manquent pas de casser le rythme. Quand on sait que la première partie de l'histoire est mollassonne, on ne s'étonnera pas du nombre de joueurs ayant abandonné en route. Dommage car il y a vraiment de très nombreuses choses à découvrir en sus d'une aventure principale déjà bien garnie. Titre du meilleur entraîneur de monstres, salle Puff-Puff, casino, histoire de coeur de Yangus, collecte de mini-médailles et obtention de la clé qui ouvre tous les coffres... Les quêtes secondaires sont multiples et bénéficient d'un vrai scénario pour la plupart.
Dans un autre registre, l'alchimarmite de Trode permet d'obtenir des objets de grandes valeurs en mélangeant divers ingrédients. Fabriquée en cours
de jeu par le Roi (pendant que le héros dort), elle nous oblige à repenser la gestion de notre inventaire. Ainsi, plutôt que de vendre systématiquement épées et
boucliers dépassés, on vérifiera en premier lieu si ils ne figurent pas sur l'une des recettes en notre possession. Ces dernières se ramassent un
peu partout en fouillant comme un voleur et peuvent aussi nous être transmises
par des villageois. Les plus intéressantes se dévoilent bien sûr vers la fin
du jeu où en étant un peu altruiste, on
pourra se présenter devant le boss final mieux préparé que jamais. A noter
aussi que chaque personnage obtient des points de compétence lorsqu'il passe au
niveau supérieur. En choisissant de les distribuer dans telle ou telle
catégorie (il y en a 5 par personnages), on permettra à ces derniers
d'acquérir de nouvelles capacités tout en affûtant leurs possibilités avec
certaines armes (lance, épée, massue...). 100 points étant nécessaires pour compléter une
compétence, il faudra livrer de très nombreux combats avant de constituer une
équipe de tueurs. Le mieux est encore d'attendre le pouvoir
de voler pour se rendre sur un des endroits perchés regorgeant de Rois Gluants de Métal à 10 000 XP pièce. Mais là encore, combien auront la patience d'attendre jusque là. Les déplacements à pied constituent en effet plus de 50% de la quête principale et les Smilodons rencontrés en cours, permettent certes d'aller plus vite, mais n'évitent pas les combats. Idem pour le bateau. En bref, la récompense ultime de tout RPG que constitue le fait de pouvoir se balader librement et fouiller le monde de fond en comble est un privilège qui ne revient qu'aux plus méritants dans Dragon Quest VIII.
Pour avoir fait le jeu à 100%, je ne saurai que trop conseiller aux fans de RPG de trouver le courage de s' y mettre. L'odyssée du Roi Maudit n'aidera peut être pas la série à se démocratiser autant q'un Final Fantasy mais il cache tant de secrets qu'il pourra attiser la curiosité des plus patients et courageux. En parlant de secret, je vous invite à découvrir celui de Munchie, le petit animal de compagnie qui accompagne le héros et qu'on dirige parfois le temps d'une courte séquence de recherche. A bon entendeur...
GAMELYMETRE
91%
REALISATION
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18/20
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La PS2 maîtrise le cel-shading, on le savait déjà. Mais avec la patte du papa de Dragon Ball et le savoir faire de Square Enix, on touche au summum du genre. Enchanteur, enivrant, magnifique, Dragon Quest VIII est un dessin animé interactif.
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IMMERSION
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18/20
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Les musiques sont magnifiques, le doublage réussi, l'univers hyper mignon, le scénario classique mais suffisamment profond et les nombreux personnages secondaires bénéficient tous d'un background travaillé. Il n'y a décidemment que le héros et le méchant pour faire perdre un point à la note.
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PROGRESSION
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15/20
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Comptez près de 60h pour le finir et une centaine pour le faire à 100%. Une excellente durée de vie accompagnée d'un challenge élevé pour certains boss et quêtes secondaires. Le jeu pâtit hélas d'un rythme de jeu mal réparti et d'une fréquence de combats aléatoires beaucoup trop élevée.
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MANIABILITE
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19/20
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L'avantage de Dragon Quest, c'est que dans son grand classicisme, la gestion des menus, des combats et autres déplacements sont d'une grande souplesse et d'une grande accessibilité.
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FUN
&
GAMEPLAY
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19/20
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Les sensations d'un RPG classique dans un cadre magnifique. Une tonne d'objectifs secondaires, de secrets, d'histoires à élucider et de personnages attachants en font une drogue passagère. Les petits plus comme l'alchimarmite et la gestion de la tension viennent enfin enrichir la formule Dragon Quest.
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(Screenshots éditeur - La version française est intégralement traduite pour les textes)
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