gamely.fr

Seul au monde 

Ciel aux blancs éclatés, bruit du vent en continu, mélancolie, solitude, nostalgie ... tous les éléments qui constituaient l'atmosphère du temple de Ico sont présents dans les vastes plaines de Shadow of the Colossus. Le jeu a-t-il un lien scénaristique avec le précédent chef d'oeuvre de Sony ? Rien ne semble là pour faire le lien entre les deux titres à première vue si ce n'est le réalisateur : Fumito Ueda. Disons qu'il vous faudra finir le jeu pour obtenir une réponse concrète. Mais sachez juste que Shadow of the Colossus n'est en aucun la suite de Ico.

Le jeu s'ouvre sur l'arrivée de Wanda dans un temple (encore une fois) mystérieux. Après avoir parcouru des kilomètres sur Agro, son fidèle destrier, le garçon dépose le corps d'une jeune fille sur un autel qu'il espère magique. Certaines légendes racontent en effet que cet endroit a quelque chose de mystique. Alors que rien ne se passe et que Wanda commence à perdre espoir, une voix résonne entre ces murs. D'un ton divin, elle l'informe que si il veut voir sa bien aimée ressusciter, il devra d'abord vaincre les seize colosses qui vivent sur les terres environnantes.

Ni une, ni deux, le cavalier accepte le marché et part à la recherche de sa première cible. Au sein d'un monde presque aussi vaste qu'un Hyrule de bonne facture, Wanda s'oriente en pointant son épée vers le ciel, laquelle reflète les rayons du soleil en direction du colosse qu'il doit terrasser. Si dans la deuxième moitié du jeu, ce procédé nous induit parfois en erreur en oubliant de préciser un détour nécessaire pour franchir des gouffres sans fin, les premiers sont relativement faciles à trouver. Arrivé dans la salle de jeu du géant, une courte cinématique nous dresse un panorama du décor. Ce dernier joue en effet régulièrement un rôle important dans notre combat. Face à des adversaires dont le volume peut atteindre 100 à 300 fois le nôtre, il faut savoir étudier quel rocher perché, quel tour effritée ou quelle galerie souterraine nous permettra de prendre un quelconque avantage sur le colosse. Si la méthode change à chaque face à face, le but reste toujours le même.

   

Chacun des seize géants possède en effet plusieurs points faibles dispersés sur sa gigantesque silhouette. Hors de portée et invisibles tant que Wanda ne s'en approche pas avec l'épée, ils sont le plus souvent situés sur la partie haute du corps (dont un régulièrement placé sur le dessus du crâne). Pour les atteindre, il s'agit de leur grimper dessus en se cramponnant en premier lieu à leur fourrure apparente. Présente aux mollets, aux genoux, aux coudes ou encore aux épaules, celle-ci est rarement accessible dès le départ. Il faut donc observer et analyser les mouvements et attaques du colosse pour cibler le moment propice à l'action. Quand sa défense semble imprenable, c'est qu'il faut chambouler ses habitudes à l'aide du décor. L'appâter, l'agacer, se cacher ou faire diversion seront alors quelques unes des techniques à adopter pour qu'il commette l'irréparable. Une fois que Wanda se sera accroché à lui comme un tic, le géant agacé, se secouera dans tous les sens pour tenter de nous faire tomber. Rester près des parties auxquelles on peut se cramponner (fourrure, rebords plats) grâce à L1 sera alors une priorité pour éviter de recommencer l'étape de base.

Attention cependant à ne pas s'endormir sur ses lauriers. Si maintenir rigoureusement la gâchette évite la chute à coup sûr (sauf quelques rares bugs de collisions), une jauge de résistance symbolisée par un rond rose en bas de l'écran nous indique le temps pendant lequel Wanda peut rester suspendu. L'astuce consiste donc à lâcher prise lorsque le colosse calme ses ardeurs et nous permet de nous tenir debout. De cette façon, la jauge se remplit plus ou moins vite et on peut continuer notre progression jusqu'aux différents points faibles. Quand on y parvient, il suffit de planter à plusieurs reprises notre lame dans la partie lumineuse pour voir la barre de vie adverse diminuer. Le timing sera encore une fois important puisque les dommages causés dépendent du temps de pression sur le bouton. Une longue préparation enlève ainsi presque un cinquième de dégâts mais attention à ne pas tomber si, alors que Wanda prépare son coup, le colosse secoue ses épaules.

  

Observation, adresse et timing sont donc les qualités requises pour venir à bout des seize icônes et découvrir l'incroyable fin de Shadow of the Colossus. Certains pourront trouver le concept repoussant au premier abord mais celui-ci mérite vraiment de pousser l'expérience au delà des premières sensations, qui peuvent être influencées par frustration de ne pas trouver la solution. Plus que tout autre titre, Shadow of the Colossus se doit pourtant d'être fait sans jamais avoir recours à une  quelconque soluce. Si il faut parfois près d'une demi heure pour trouver la faille d'un colosse, la sensation d'être David contre Goliath a ce quelque chose d'excitant qui se transforme en fierté lorsque enfin, on découvre son point faible. A certains moments, la mélancolie qui règne en permanence dans cette aventure finit même par ternir notre satisfaction de victoire. Après avoir passé autant de temps en duel avec un si robuste adversaire, une drôle de relation finit par s'installer entre les deux combattants et peut-être ressentirez-vous comme moi, un brin de tristesse en voyant ces géants s'écroulaient sous nos coups répétés.

Au delà de ce gameplay complètement original et de l'ambiance mélancolique qui accompagne la lutte aveugle du garçon, il faut souligner l'ambition démesurée dont a fait preuve Sony concernant la réalisation. Lorgnant du côté de Zelda, les vastes étendues verdoyantes et sablonneuses nous offrent un univers plus spacieux que jamais sur la PS2. Mais cette dernière n'ayant pas les capacités d'une GameCube, la finition ne se montre pas à la hauteur du hit de Nintendo. Animation détaillée mais saccadée, clipping important et textures assez moches, l'oeil expert trouvera de quoi chipoter à plus d'un étage.


Néanmoins, en plus d'avoir eu le courage de relever un tel challenge, les gars de chez Sony ont su une nouvelle fois faire preuve d'un sens artistique qui force le respect. De même, la réalisation prend une toute autre dimension lors des affrontements avec les colosses. L'imposante puissance de ces derniers se ressent alors à chacun de leurs mouvements et les combats se déroulent pratiquement sans aucun ralentissement. A voir la taille des bonhommes, on peut dire que la console réussit là un véritable exploit.
Loin d'être parfait, Shadow of the Colossus peut aussi se voir reprocher son manque criant de vie. Hormis quelques rares aigles, lézards (augmentant notre endurance) et fruits (augmentant notre barre de vie) apparaissant tous les km, on regrette que le jeu ne propose plus d'interactivités avec son univers.
Cependant l'expérience est tellement unique qu'il est vivement conseillé de la vivre manette en main. Son originalité, son côté épique et bucolique en font une des perles de la Playstation 2. Sans compter que son dénouement aussi passionnant qu'intrigant régalera les fans de Ico .

GAMELYMETRE
84%