MANHUNT
Tests - Playstation 2
Écrit par Latin Cygnus   

BoxManhunt.jpg Editeur : Take Two Interactive
Développeur : Rockstar
Genre : Survival / Infiltration / Action
Difficulté : Difficile
Joueurs : 1 
Langage : Français (textes) / Anglais (voix)18ans.gif
Date de sortie : Novembre 2003
Terminé : Oui en Juillet 2004


A une époque où GTA faisait déjà couler beaucoup d'encre, Rockstar et Take Two s'amusaient à repousser les limites de la violence dans un jeu vidéo.

Un peu de finesse dans un jeu de brutes 

ManhuntClown.jpg Vous souvenez-vous du film "Running Man" réalisé en 1987 par Paul Michael Glaser (alias Starsky de "Starsky et Hutch") et adapté d'un roman de Stephen King ? Arnold Schwarzenegger y campait un homme engagé malgré lui dans un programme de télé-réalité où les participants mettaient officieusement leurs vies en danger en étant confrontés à de véritables tueurs. Si avec ce que l'on voit aujourd'hui on peut se demander si la réalité ne tardera pas à rejoindre la fiction, les gars de Rockstar North n'ont pas attendu plus longtemps pour convertir ce principe en jeu vidéo.

Manhunt
nous place donc dans la peau d'un condamné à mort jouant malgré lui le rôle principal d'un Snuff Movie produit par un certain Starkweather. Jeté dans un quartier désaffecté servant d'arène de jeu, nous voilà confronté aux pires spécimens que compte le genre humain. Le visage recouvert de masques aussi effrayants que de mauvais goûts, ces gens là n'ont qu'un objectif : nous zigouiller. A la guerre comme à la guerre, il s'agira pour James Earl Cash, le personnage incarné, de tuer ou d'être tuer. Rien de nouveau me direz-vous dans un jeu vidéo. Mais pourtant Manhunt pousse ce principe assez loin pour mériter amplement son +18.

Devant l'excès de haine et de barbarie que dégagent les ennemis à son égard, James leur répond avec les mêmes attributs. Il en résulte des scènes d'une rare violence, franchissant sans retenue les limites du malsain et du sadisme. Mine de rien, même si il est impossible de cautionner de telles scènes, on peut souligner que cette violence exacerbée est ici plus justifiée que dans un GTA, où elle peut être gratuite quand les citoyens deviennent victimes. Manhunt ne nous permet pas de tuer des innocents mais nous demande de survivre au milieu de fauves à apparence humaine. Ne croyez pas cependant que le titre de Rockstar North fasse dans le bourrin et la débauche d'hémoglobine. Au contraire, c'est dans sa barbarie individuelle qu'il est le plus marquant. Devant un secteur gardé par une poignée d'ennemis, il est hors de question de foncer tête baissée.

Les combats au corps à corps sont en effet volontairement laborieux et tournent indubitablement en notre défaveur quand l'ennemi est en supériorité numérique. Si ce concept rebute de nombreux joueurs vexés de perdre contre seulement deux sbires gérés par l'IA, il rend le tout plus réaliste, dans le sens où le personnage joué est certes costaud, mais n'est pas un super héros. L'approche doit donc être différente et c'est là qu'intervient le côté infiltration du titre. Le but est d'observer la position de chaque sentinelle afin de se glisser discrètement dans leur dos. Une fois rapproché, il faut rester appuyé sur le bouton action pour voir James se mettre en position d'attaque (tout en continuant à marcher accroupi) et relâcher pour déclencher une cut scene pendant laquelle le vilain pas beau trépasse dans d'atroces conditions. Ces scènes diffèrent selon l'arme en notre possession et du temps de pression sur la touche en question. Plus la préparation aura été longue sans que l'ennemi ne nous voie, plus l'acte sera violent. Trois paliers sont ainsi signalisés par un curseur de couleur différente avant l'attaque. Fil tranchant, sac en plastique, marteau ou simple genou, attendez-vous à culpabiliser de jouer à un tel titre devant l'imagination dont ont fait preuves les programmeurs.


ManhuntElectrique.jpg   ManhuntVoiture.jpg ManhuntMechants.jpg    

Cette sensation de malaise s'atténue légèrement quand on en apprend un peu plus sur James qui, sans vous en dire trop, est plus une victime qu'autre chose. D'autant que Manhunt a d'autres qualités à faire valoir. Sans zombies, ni monstres, il parvient à nous donner de grosses sensations de survival. Quand nos tentatives d'infiltration échouent, les ennemis se montrent très virulents à notre égard et il est préférable de trouver rapidement une cachette dans l'obscurité sans que ces derniers puissent la localiser. Souvent sur nos pas, ils parviennent à s'approcher de notre position sans savoir exactement de quel côté chercher. Ces passages mettent alors en avant une IA différente de ce à quoi Sam Fisher et Snake avaient pu nous habituer jusqu'ici. Soucieux ne pas tomber dans un piège, ils préfèrent crier différentes insanités à notre propos tout en tirant des coups de feux au hasard. On reste donc immobile, tapis dans le noir, en priant qu'aucune balle ne nous touche. Cette relation de la proie et du chasseur peut aussi s'inverser dans certaines circonstances, donnant lieu à des comportements à la fois effrayants et amusants pour le joueur. Ainsi, selon la manière employée, on aura parfois l'occasion de ramasser la tête d'une de nos victimes. L'accrochant sans vergogne à sa ceinture, James pourra alors s'en servir pour faire diversion comme le ferait Sam Fisher avec une simple bouteille.

Voir les ennemis accourir pour constater de quoi il retourne et les contempler péter les plombs à notre égard fait ainsi partie intégrante du folklore. Planquer des corps, découvrir comment ouvrir une porte, toquer contre un mur ou s'y planquer sont aussi au programme de ce "Snuff Movie Game". Il ne faudra pas compter en revanche sur une quelconque agilité de notre détenu. Sauter, faire des pirouettes et autres grands écarts ne figurent pas dans la panoplie de James qui peut heureusement courir. Une sorte de radar situé au bas de l'écran permet tout de même de localiser les menaces environnantes. Basé sur ce que peut entendre James, il n'est efficace qu'après s'être suffisamment approché du danger. On notera toutefois que le jeu change de direction lorsque les armes à feux commencent à apparaître en masse (et d'étranges  soldats hostiles avec). Plus conventionnel et multipliant les échanges de balles, le titre perd alors en originalité mais calme légèrement les ardeurs malsaines. Un moindre mal pour notre esprit qui de toute façon, n'en finit pas d'être marqué par certaines scènes et ennemis (mention spéciale à l'homme cochon à la fin du jeu).
Ecoeurant sur de nombreux aspects, Manhunt parvient pourtant à fournir un gampelay original dans une large partie de sa progression et offre une expérience vidéoludique unique à ceux qui auront le courage de s'y essayer. Le sentiment d'être traqué par des fous furieux s'avère aussi marquant que l'extrême violence sur laquelle le jeu a fait sa pub. Le scénario abritant une histoire mieux ficelée qu'on pourrait le croire, avoir plus de 18 ans a parfois du bon. Cependant, même si l'âge adulte vous est acquis, les âmes sensibles devront s'abstenir car Manhunt n'est définitivement pas un jeu qu'on peut mettre entre toutes les mains, aussi âgées soient-elles. 

ManhuntCache.jpg   ManhuntDerriere.jpg ManhuntRadar.jpg    


GAMELYMETRE
75% 

 REALISATION

13/20

Malgré des screenshots lissés provenant de l'éditeur, le jeu se rapproche de GTA dans sa conception graphique et l'animation un peu grotesque de son personnage. Si on peut pardonner ce manque de finition à GTA en raison de l'immensité de son terrain de jeu, on est en droit de se montrer plus sévère avec Manhunt qui, avec 20 missions fermées, aurait pu faire un petit effort. 

 IMMERSION

17/20

C'est sur ce point que les programmeurs ont mis l'accent et force est de constater qu'aussi peu attirant soit l'univers de Manhunt, il joue sa carte à fond et sans retenue. Scénario bien mené (mais pas profond pour un sous), IA travaillée et doublage anglais réussi en font une honnête référence du genre.  

PROGRESSION 

15/20

Le jeu est beaucoup plus long qu'on aurait pu le croire avec sa vingtaine de missions. La difficulté élevée oblige à progresser à tâtons et les joueurs frileux passeront de nombreuses heures à se cacher. On regrette toutefois un rythme en dents de scie. Quelques niveaux, notamment les tous premiers et certains passages au gun, sont en effet un peu rebutant. Une gêne minime dans l'ensemble. 

 MANIABILITE

13/20

Pas toujours précis dans ses déplacements à cause de son animation de bas étage, James ne dispose que de trop peu de mouvements pour nous mettre à l'aise pad en main. Les combats au corps à corps semblent offrir une maniabilité volontairement pourrie afin de motiver l'infiltration. Ce qui en effet, s'avère plus long mais plus adapté aux commandes dont on dispose.

 FUN
&
GAMEPLAY

 17/20 

Comparé à GTA pour son penchant violent, Manhunt se rapproche davantage d'un Splinter Cell sans gadget auquel on aurait ajouté une bonne dose de survival horror grâce à des tarés bien vivants. Nous obligeant à employer une violence dérangeante, le jeu pourra légitimement en repousser plus d'un mais ceux qui seront assez forts pour passer cette barrière (ça n'est qu'un jeu rappelons-le) pourront ressentir ce que ça fait d'être jeté en pâtures aux fauves. Malgré quelques défauts, le titre de Rockstar parvient à mélanger habilement les genres. 

 

ManhuntRec.jpg ManhuntObserve.jpg   ManhuntFusil.jpg  

(Screenshots éditeur)

 
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