Editeur : Sega
Développeur : Climax Entertainement
Genre : Aventure/Action/Plates-formes
Difficulté : Difficile
Joueur(s) : 1
Textes : Français
Date de sortie : 1994
Terminé : Oui en 1994
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Il est considéré à juste titre comme le meilleur jeu d'aventure de la Megadrive. Pour moi, il reste le titre le plus sensationnel de l'époque 16 bits. Pour faire simple, il représente mon meilleur souvenir de joueur.
Souvenirs, souvenirs
Fin 1992, je feuillette le Joypad
de Décembre avec Dark Vador en couverture. Dans la rubrique test, un
jeu Megadrive qui vient de sortir au Japon obtient la note globale de
94%. Le jeu est qualifié de Zelda made in Sega. Sa bande son serait aussi d'une qualité inouïe. A tel point que dans le test paru dans Joystick (dont l'actu console était rédigée par la team Joypad), ce critère est noté 20/20.
Intrigué, je mets la main dessus début 1993 dans un magasin qui
discrètement, louait les jeux (merci à eux). Je tombe tout de suite
sous le charme. Le japonais est toutefois un obstacle et je bloque
assez rapidement dans l'aventure. Pendant des mois, je prie jour et
nuit pour une sortie européenne. Près d'un an s'écoule et voilà que le
jeu sort aux Etats-Unis avant d'être annoncé en Europe. Je piaffe
d'impatience et me délecte une fois encore du test officiel dans Joypad. Malgré les rumeurs d'une traduction complète, le testeur annonce que les textes sont en anglais. Une information crédible car Sega est à l'époque beaucoup moins sensible à la traduction que Nintendo.
Qu'importe, la langue de Shakespeare est instruite à l'école, je sais
donc que je pourrais me décoincer avec un bon dico sous la main.
Quelques semaines passent, le jeu tarde à arriver en magasin. Et puis
je le trouve, enfin, dans le magasin de jouets ayant pour mascotte une
girafe. Un magasin où soit dit en passant, je travaillerai plus tard
durant 5 longues années.
Le jeu en main, un détail m'interpelle. Le texte au dos de la boite
est uniquement dans la langue de Molière. Je me frotte les yeux et
constate un petit encart sur le recto : "Jeu d'aventure intégralement
en Français". Je n'y crois pas, ce doit être une erreur. Je rentre chez
moi, file dans ma chambre et insert la cartouche dans la Megadrive.
L'écran titre suffit à me convaincre du miracle. Il y est écrit que LandStalker narre l'histoire du "Trésor du Roi Nole". C'est un rêve qui devient réalité.
Un monde fascinant
Autre bonne nouvelle, cette version française a la bonne idée de reprendre le nom original du héros. Celui-ci se nomme donc Ryle, et non pas Nigel comme l'avait affublé la version US à une époque où Mansell dominait le championnat de F1.
Ryle
est un chasseur de trésors. Sans attache particulière, il va là où se
trouvent les objets les plus rares et n'hésite pas à braver tous les
dangers si le profit est à la clef. Solitaire, il se lie cependant
d'amitié avec Friday, une succube à laquelle il porte secours alors que celle-ci est traquée par la bande de Kayla, rivale de notre héros. L'objet de cette poursuite est que Friday semble détenir des informations sur l'emplacement du légendaire trésor du Roi Nole. Intéressé, Ryle demande à ce petit bout de femme de l'aider à mettre la main dessus. Et c'est là que commence l'aventure pour le joueur.
Traversant une demi-douzaine de villages, on rencontre différents personnages souvent difficiles à cerner. Du Duc de Mercator à l'effroyable sorcier Mir, ou encore le valeureux Zak, ne vous attendez pas à vous faire beaucoup d'amis. C'est d'ailleurs une des caractéristiques de LandStalker.
Autant que je me souvienne, j'ai rarement ressenti une telle solitude dans une si longue aventure virtuelle. Ici,
ce sentiment n'est pas négatif. Au contraire, ils
exercent sur nous une sorte de fascination nous rendant incapable de
décrocher. L'île de Mercator n'est pas étrangère à cette
sensation. Elle offre une atmosphère aussi étrange que fascinante avec
ses couleurs automnales, ses successions de sapins et de passages
escarpés regorgeant de mystères. Il faut dire que la vue en
3D-isométrique est idéale pour cela. De nombreux coffres voire entrées
secrètes sont ainsi dissimulés derrière un mur ou une maison en premier
plan. Le joueur doit donc naviguer à l'aveuglette pour les découvrir
même si la plupart du temps heureusement, un petit indice visuel est là
pour nous mettre sur la voie.
Le secret de Landstalker
est pourtant ailleurs. Si le titre de Climax s'avère aussi marquant dans l'esprit des joueurs, c'est en effet grâce à l'excellence de sa bande son. A l'écoute des premières mélodies, on
comprend les notes dithyranbiques de la presse spécialisée à l'époque.
Entraînantes, intrigantes, enivrantes... ce sont les plus belles compositions de la machine aux côtés de celles de Streets of Rage.
Presque parfait
Côté gameplay, on retrouve la recette habituelle du A-RPG. De la
recherche, des combats, de l'action, de la réflexion et une gestion de
l'équipement importante. Bottes, armures et épées, tirant leurs pouvoirs
des éléments de la nature, composent l'équipement de notre chercheur de
trésors. De nombreux objets originaux sont aussi de la partie comme les
herbes de guérison répondant au doux nom de "Eke-Eke". Notre barre de
vie est représentée par une double rangée de coeurs façon Zelda.
A l'inverse de ce dernier, une indication chiffrée se situe à côté car
nos points de vie peuvent monter jusqu'à 40 tandis que seulement 20 coeurs
sont affichés. La jauge de magie est quant à elle indiquée par l'épée
dessinée en haut à gauche de l'écran. Elle se remplit automatiquement
et se vide quand on utilise les pouvoirs élémentaires de la lame (feu,
glace, vent et Gaia, pour la terre).
Mercator étant comme son nom l'indique une île marchande,
l'argent a bien sûr son importance. Si comme le veut le genre, on en
ramasse en tuant des monstres ou en fouillant des coffres, on peut
aussi s'essayer, plus tard, au Casino comme dans un Dragon Quest.
Là où le titre surprend pour un action-RPG, c'est dans l'importance
qu'il donne aux phases plates-formes. La vue de 3/4 offre en effet de
nombreuses possibilités intéressantes de ce côté là mais le résultat
s'avère parfois frustrant. En effet, Climax a oublié d'insérer la
notion d'ombre dans son programme. Vue la perspective offerte, il est
difficile d'évaluer la direction dans laquelle Ryle doit sauter. De
nombreux sauts se font ainsi au feeling et certains passages imposent
une progression par l'échec. Très frustrant, notamment dans la seconde
moitié de l'histoire, lorsque ces phases se font de plus en plus
longues et difficiles. Recommencer un donjon à l'étage inférieur à
cause d'un saut raté a en effet tendance à dégouter. Pourtant, même si
de belles crises de nerfs en résultent, l'aventure est trop prenante
pour s'arrêter sur ce défaut.
Le scénario possède de multiples rebondissements et évolue à chaque village ou donjon traversé. Sur cet aspect, on est loin de Zelda et son histoire récurente de princesse à sauver. Massan, Ryuma, Destel, Verla, Mercator
et bien d'autres sont des lieux enchanteurs qu'on se régale de fouiller
de fond en comble. Chaque entrée de grotte ou de cave souterraine découverte est synonyme de level-design tortueux et bien pensé. Certes des passages comme le Labyrinthe Vert donne
la migraine par leur compléxité, mais les moments forts ne manquent pas
et s'enchaînent à chaque parcelle de terrain découverte. Outre des
combats prenant en compte la puissance et l'élément de l'arme utilisée, Landstalker oblige le joueur à faire fonctionner ses méninges pour résoudre de nombreuses énigmes. La Tour de Mir
en a d'ailleurs marqué plus d'un au rayon énigme. Mais c'est bien le
côté recherche qui ressort le plus de nos activités sur cette île pas
comme les autres. Les indices laissés par le Roi Nole pour parvenir
jusqu'à son trésor nous emmène dans des lieux mystiques gorgés de
pièges en tout genre. Pour le coup, et bien que les deux univers ne
soient pas comparables, on a vraiment l'impression d'être un petit
Indiana Jones en herbe.
Enfin, n'oublions pas un élément rare pour l'époque : le soin apporté à la mise en scène. L'exemple le plus frappant est le mémorable dîner en l'honneur du Duc de Mercator.
Avant de se conclure sur un joli rebondissement, la scène s'accompagne
d'une mélodie au piano, jouée sous nos yeux par un PNJ. On pourrait
raconter pendant des heures les multiples passages cultes de cette
merveille vidéoludique, mais le mieux est encore de s'y (re)plonger
manette en main.
Le chef d'oeuvre de la Megadrive, un point c'est tout.
GAMELYMETRE
92%
REALISATION
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18/20
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Le
procédé est parfaitement maîtrisé. Les personnages sont fins, les
couleurs choisies donnent une atmosphère unique et le level-design est
un modèle de recherche. L'animation remplit quant à elle son devoir
sans faillir, à quelques ralentissements près.
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IMMERSION
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20/20
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Une
bande son irréprochable marquant à jamais les esprits dans un univers
enivrant de par ses mystères et ses multiples secrets. On ne sait pas
grand chose du passé de Ryle mais son caractère bien trempé et sa
relation avec Friday compense cette absence. D'autant que de nombreux personnages secondaires donnent du corps à ce monde.
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PROGRESSION
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19/20
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L'aventure
est longue, très longue si vous décidez de découvrir tous les secrets
de l'île de Mercator pour afficher par exemple, le total complet des
coeurs de la barre de vie. Chaque chapitre de l'histoire amène son lot
de passages forts et on ne s'ennuie jamais.
La difficulté est parfaitement dosée en dehors de ses errances pendant les phases plates-formes, dues aux problèmes d'ombre.
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MANIABILITE
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16/20
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Malgré des mouvements extrêmement précis, Ryle ne se déplace que dans quatre directions diagonales (3D-isométrique oblige).
Un petit temps d'adaptation est donc nécessaire.
Concernant les sauts, ça n'est pas leur précision qui pose problème, mais l'absence d'ombre qui rend difficile l'appréhension de l'espace.
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FUN
&
GAMEPLAY
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19/20
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Un
gameplay très étoffé pour le genre à l'époque. Enigmes, combats, recherche, plates-formes et gestion forment le cocktail parfait pour un jeu d'action/aventure. Le plaisir de jeu est immédiat et même si on peste quelques fois à cause de l'absence des ombres encore et toujours, le menu proposé a une saveur trop esquise pour la dénigrer.
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PLUS LOIN...
Si aucune suite officielle à LandStalker n'a encore vu le jour, il existe un grand nombre de spin-off. Ainsi la Super Nes compte dans sa logithèque un certain LadyStalker (développé par Climax)
qui comme son nom l'indique, met en scène une héroïne. De bonne
facture, ce soft n'a pourtant pas l'étoffe de son modèle. Même chose
pour Dark Savior, sorti sur Saturn, original mais décevant. N'oublions pas TimeStalker,
un donjon RPG de piètre réputation sorti sur Dreamcast et qui a la
particularité de compter Ryle parmi ses personnages secondaires.
Terminons enfin par l'annonce faite en 2005 promettant un remake du
chef-d'oeuvre sur PSP. Malheureusement, malgré une courte vidéo et des
images montrant la modélisation en 3D de certains villages, le projet
semble avoir été abandonné puisque aucune nouvelle à son sujet n'a
filtré depuis. Quel dommage !
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